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Répression

Violences policières, interpellations, gazages : à Toulouse, le 6 juin sous le signe de la répression

À Toulouse, la journée de mobilisation du 6 juin a été marquée par la répression : dès 10h du matin et jusqu'au soir devant le commissariat central en passant par l'évacuation de la Maison du peuple, la journée a été rythmée par les interpellations et les violences policières. Face à cette tentative d'intimidation, il faut faire front !

Ethan Guela

7 juin 2023

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Violences policières, interpellations, gazages : à Toulouse, le 6 juin sous le signe de la répression

Crédits Photos : Dorian M

Ce mardi, pour la quatorzième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, environ 50 000 personnes ont manifesté dans les rues de Toulouse d’après les syndicats. Un chiffre qui, bien que marquant un reflux important, reste conséquent pour une date appelée plus d’un mois après la dernière journée de grève.

En réponse à cette nouvelle mobilisation, une heure à peine après le début de la manifestation, la police a chargé le cortège de tête et coupé en deux la manifestation. Cette opération a mené à l’arrestation d’au moins huit personnes d’après Actu Toulouse, dont un étudiant du Mirail qui, selon nos informations, aurait été fortement violenté et blessé au cours de son interpellation. Sous les yeux abasourdis des militants syndicaux qui ouvraient la marche, une manifestante arrêtée a été traînée au sol et menottée alors qu’elle était inconsciente.

Benoît, militant à Solidaires et aide-soignant, a alors tenté de lui porter secours : « J’ai pris un coup de bouclier, on n’arrivait pas à lui parler. On s’est mis à quatre pattes pour lui parler, elle ne réagissait pas, elle bavait [...] Le policier a pris ses pulsations cardiaques à travers son gant, donc autant dire qu’il ne devait pas avoir beaucoup de sensations. [...] Et puis après je me suis pris du gaz au poivre  », raconte-t-il à notre micro.

À 18h, devant le commissariat central, un rassemblement était déjà appelé par différentes organisations pour exiger la libération immédiate des militants écologistes qui avaient été perquisitionnés et placés en GAV la veille. Plus d’une centaine de personnes se sont alors retrouvées à Canal du Midi, armées de casseroles, pour dénoncer la répression des militants écologistes et du mouvement social.

Malgré une première provocation de la police, venue réclamer le silence des casserolades en poussant et gazant à bout portant plusieurs personnes, les manifestants ont tenu bon et sont restés de pied ferme devant le commissariat pour exiger la libération des camarades. Finalement, la police a chargé la foule et tiré de nombreux gaz lacrymogènes, pourchassant les manifestants jusque dans les rues adjacentes.

Ce mercredi matin, pour la première fois depuis le début du mouvement, la police avait installé des barrières encadrant la place du commissariat pour dissuader tout nouveau rassemblement de solidarité avec les interpellés. Cela n’a pas empêché un nouveau rassemblement, appelé mercredi soir à 18h par les Soulèvements de la terre et rejoint par de nombreux militants du mouvement social, encore une fois dispersé par la police.

Dans le même temps, la préfecture a profité de la répression de la manifestation du 6 juin pour ordonner l’évacuation du squat de la Maison du peuple, près de la gare Matabiau. Ce lieu avait été ouvert par des militants de divers horizons le 1er mai dans l’objectif de prolonger la « fête des travailleurs et le mouvement contre la réforme des retraites au-delà des échéances syndicales ». Ce mardi après-midi, il a été violemment évacué et fermé par une intervention conjointe de la BAC, de la compagnie départementale d’intervention et d’un escadron de gendarmes mobiles, d’après La Dépêche. 12 personnes ont alors été interpellées et ont passé la nuit en GAV.

Une opération saluée par le maire de droite Jean-Luc Moudenc qui, en bon disciple de la macronie, a tenu à « saluer l’action de la Police nationale » qui a jonché la rue de sang, de palais de gaz lacrymogènes et de grenades de désencerclement. Une occasion pour lui fustiger « le projet que porte l’extrême-gauche pour la ville de Toulouse », dénonçant à la Maison du peuple « les mêmes dégradations que celles infligées à l’université du Mirail », dans la continuité de la campagne menée par l’extrême-droite avec l’appui de l’Union des Étudiants Communistes contre l’occupation de la fac en avril dernier.

Main dans la main avec le gouvernement, Jean-Luc Moudenc cherche à diviser les travailleurs mobilisés contre la réforme des retraites entre, d’un côté, les « bons manifestants » qui subiraient les actions d’une minorité, et de l’autre une « extrême-gauche violente » qu’il s’agirait de neutraliser. En réalité, le gouvernement et la métropole nous imposent la plus grande violence en en nous réprimant pour passer en force la réforme des retraites et, derrière, toute une série d’attaques contre le monde du travail et les plus précaires.

Le message est clair : alors que l’intersyndicale siffle la fin de la partie, il s’agit pour le gouvernement comme pour la métropole de dissuader toute aspiration à poursuivre le combat en s’en prenant à directement à ceux qui continuent de manifester contre une réforme injuste, contre une inflation intenable, pour une nouvelle société.

En réponse à cette nouvelle journée de répression, il est fondamental que l’ensemble des organisations syndicales, politiques, associatives et les collectifs comme celui de la Maison du Peuple fassent front pour dénoncer les violences d’État, tant contre les militants écologistes qu’à l’encontre du mouvement social, et exiger la libération immédiate et sans poursuite de l’ensemble des interpellé·es.


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