Boris Lefebvre

Une visite au service des entreprises

 

La diplomatie par le commerce est un classique des visites officielles dans les pays étrangers. Abandonnant ses habits de président pour deux jours, François Hollande se transforme en entremetteur et commercial au service des entreprises françaises. En tête, les contrats remportés par Airbus qui s’élèvent à plus d’une trentaine de commandes d’avion de ligne par des compagnies vietnamiennes privées et une possible vente de dix appareils à la compagnie nationale du Vietnam. Au total, ces contrats s’élèvent à plus de 5,8 milliards d’euros : un cadeau en or pour Fabrice Brégier, PDG d’airbus, que Hollande n’avait pas oublié d’emporter dans ses valises. Un contrat en appelant un autre, le vice-président de Vinci, Yves-Thibault de Silguy, s’est aussi frotté les mains en décrochant un contrat avec une compagnie spécialisée dans la construction de routes.

Un impérialisme en visite

 

Volontariste, le chef de l’État, a déclaré : « Nous voulons soutenir encore davantage les investissements français et accords commerciaux ». Mais les raisons profondes qui guident ces propos ne sont pas à chercher du côté d’une volonté d’aide à un pays qui connaît un redressement économique depuis 30 ans après avoir été meurtri par la colonisation française et la guerre impérialiste des États-Unis. Non, la France a une autre carte à jouer : profitant du capitalisme débridé que les autorités vietnamiennes ont impulsé, Hollande cherche à instrumentaliser le succès économique de cette ancienne colonie tout en renforçant sa position impérialiste en Asie.

Alors que le Vietnam sent planer la menace de l’expansion chinoise en Mer de Chine méridionale, le pays cherche à conclure des accords à tout va pour se trouver des soutiens. Le Vietnam ayant déjà ratifié le Traité Trans-pacifique (TPP) et l’Accord de libre-échange avec la Russie par l’intermédiaire de l’Union économique eurasiatique (UEEA), la France se sentait sûrement menacée de ne pas pouvoir profiter des concessions qu’un pays en proie à « l’expansionnisme » chinois ne manquera pas de faire pour sauvegarder son indépendance. En réalité, c’est à la prédation de l’impérialisme français et, à l’horizon 2018, de l’UE avec l’accord euro-vietnamien de libre échange (EVFTA), que le Vietnam est forcé de se livrer.