Ce jeudi, la colère était à son comble : le gouvernement avait parqué la manifestation autour du bassin de l’Arsenal, traitant celles et ceux qui font usage de leur droit de manifester comme du vulgaire bétail autour d’un abreuvoir. Continuant à provoquer chacun des manifestants à chaque contrôle, en arrêtant « préventivement » des opposants à la loi travail, le gouvernement s’est ensuite étonné de voir que la colère grandissait.

Des manifestations spontanées sont parties vers la gare de Lyon, mais aussi vers le nord de Paris. Dans la soirée, une centaine de manifestants ont attaqué le siège de la CFDT, brisant les baies vitrées et taguant quelques réalités qui fâchent :« C’est fini de trahir » ; « Collabos ».

Comme à son habitude, toute la classe politique s’est empressée d’instrumentaliser la violence des « casseurs ». Manuel Valls et Myriam El Khomri ont, par voie de Tweet, rappelé leur attachement à la « démocratie sociale »… C’est donc cela la démocratie sociale : faire passer des lois au 49.3 en n’osant même plus présenter des lois anti sociales devant des députés pourtant assez peu regardant sur l’intérêt des travailleurs et respecter la CFDT, notamment Laurent Berger, bras droit du gouvernement. Le gouvernement au service du MEDEF ménage en effet son dernier allié syndical, fidèle collaborateur.

La préfecture a annoncé avoir interpellé neuf manifestants, condamnés prêts à l’emploi, précisant avoir « constaté un blessé avec une plaie à la tête ».

La CGT et FO, devenus désormais les premiers à exiger de la police qu’elle protège les manifestation des « casseurs », a été la première à dénoncer cette « violence » contre des vitres plutôt que la violence d’Etat et ses dizaines d’interpellations et violences policières ce 23 juin. Bien que nous ne partagions pas la stratégie minorisante de ce qu’ils appellent les « casseurs », la première violence à dénoncer, c’est bien celle de Valls et de sa police, qu’elle exerce avec brutalité depuis 4 mois en réprimant les manifestations. La CGT s’est même fendue d’un petit communiqué condamnant et dénonçant ces actes, précisant que « les exactions d’hier soir alimentent de nouveau la violence ». Cependant, pas la moindre trace sur la présence policière outrageusement importante à Bastille avant-hier : un policier pour 7 manifestants s’est félicitée la Préfecture…

Au nom de la « sécurité » des manifestants, c’est surtout la criminalisation des mouvements sociaux et l’étau qui se resserre autour des libertés démocratiques : il faudra maintenant choisir entre un manège de petits chevaux avec ses cavaliers bleus et ne pas manifester du tout.