On sait qu’en France, pays de la démocratie et des droits de l’Homme, les médias et la presse, c’est l’affaire des patrons. Au sens figuré comme au sens propre. Expression de la concentration capitaliste, c’est Bernard Arnault qui détient Les Echos, Radio Classique, et bientôt Le Parisien, Dassault qui est propriétaire du Figaro, Martin Bouygues de TF1, Arnaud Lagardère de Europe 1, Paris Match et du Journal du Dimanche, Vincent Bolloré de Direct Matin, d’i-télé et, maintenant, de Canal + ou encore Xavier Niel pour Le Monde. La liste, bien entendu, est loin d’être exhaustive. Elle est parlante, néanmoins, dans la mesure où la raison d’être de ces grands patrons et de leur groupe, ce n’est pas l’information, mais les armes, dans le cas de Dassault, le BTP, pour Bouygues, etc. La presse et les médias sont néanmoins de formidables leviers d’influence pour défendre leurs affaires et faire du business. A cela il faut rajouter toutes ces agences de communication qui sont autant de lobbies qui font la pluie et le beau temps dans la presse par le biais des espaces publicitaires à truster. Le dernier exemple en date, assez symptomatique de la façon dont la presse est pieds et poings liés au système, c’est le courrier envoyé par MediaCom aux quotidiens nationaux, régionaux et magazines, cinq jours après que n’ait éclaté « le scandale Volkswagen ».

Le courrier, daté du 22 septembre, a le mérite d’être plus clair que les tests anti-pollution des moteurs diesel du constructeur allemand : Mediacom s’engage à maintenir les publicités Volkswagen à hauteur de 315.000 euros prévues dans les éditions des 6, 8 et 10 octobre prochain de la presse papier, tout comme la campagne pour la marque Audi, filiale du groupe allemand, prévue en novembre, ainsi que les insertions programmées pour la fin de l’année (le tout pour la rondelette somme de 1,465 million d’euros), s’il « n’y a aucun article relatif à la crise Volkswagen ».

La pratique n’est pas nouvelle, mais plusieurs patrons de presse de province ont crié au scandale. C’est tout à leur honneur ? Dur, surtout, alors que l’affaire n’en finit pas d’enfler, de passer des infos sous silence. Facile, également, de monter sur ses grands chevaux quand la ficelle est presque aussi grosse qu’un câble de démarrage. Mais qu’on se rassure, le reste de l’année, la presse patronale continue à dire suffisamment la vérité pour vraiment mentir quand c’est essentiel.