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Gilets jaunes

5 ans après. Manue, gilet jaune de Brest : « avant on avait honte de notre condition de pauvre »

Dans le cadre du cinquième anniversaire du début du mouvement des gilets Jaunes le 17 novembre 2018, nous réalisons une série d’entretiens avec des Gilets Jaunes du Finistère.

Révolution Permanente Brest

23 novembre 2023

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5 ans après. Manue, gilet jaune de Brest : « avant on avait honte de notre condition de pauvre »

Crédits photo : Ambredav

Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Manue, j’ai 45 ans et j’habite à Brest, je suis en formation dans l’agriculture durable.

Comment et pourquoi es-tu arrivée dans les GJ ? Es-tu arrivée seule ?

Je ne gagnais pas beaucoup : 800 et quelques par mois. Quand l’annonce a été faite que le gazole allait augmenter, ça voulait dire que, si j’avais plus de frais de gazole, j’aurais moins à donner à manger à mes enfants. C’était après la vaisselle, après la piscine, et toutes les dépenses qu’il y avait eu à l’Élysée avec Brigitte et Emmanuel Macron. Je trouvais pas normal que si on a besoin de sa voiture pour aller au travail ça augmente comme ça et que ça ampute sur le budget alimentation. Du coup j’avais un sentiment d’injustice. Je suis arrivée avec un copain d’enfance. Quand il y a eu l’appel d’aller sur les ronds-points, on s’est organisé pour y aller, être au point de RDV à 6h sur le parking à côté du grand Leclerc de Brest. On a préparé nos gilets avec des écritures dessus. Lui il avait écrit sur le mien : « Mafia bretonne » avec un « A » anarchiste. Il disait que j’étais une anarchiste, moi je lui disais que non.

Qu’as-tu pensé des accusations envers les GJ de ne pas être écologistes ?

Les GJ ont tellement de problèmes déjà à gérer, dans leur quotidien de vie souvent de précaire ou de bas salaires. Eux il se posent des questions de comment ils vont payer leurs factures. Ils ont d’autres priorités qui font qu’ils n’ont pas le temps pour intellectualiser ou réfléchir à la solution écologique même si évidemment ils pensent à leusr enfants et qu’est-ce qu’ils vont leur laisser. Mais dans le présent ils ont tellement de contraintes que ce n’est pas la priorité, même s’ils y pensent. Et comme dit le dicton : l’écologie sans la lutte des classes c’est du jardinage.

Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience des GJ, en quoi ça t’a changée ? En quoi ça a changé ta vie ?

Ça m’a changé le fait que l’on se réunissait sur les ronds-points, à des réunions et que la parole s’est libérée. Avant on avait honte de notre condition de pauvre comme si on en était responsable. En réfléchissant, vu que l’on était nombreux à être dans la même situation, c’est le système qui fait qu’on reste dans cette condition, rien n’est fait pour que l’on s’élève, dès l’école. On s’est tous rendu compte que l’on n’était pas seuls, que l’on était beaucoup dans cette situation-là. Il y a eu de la solidarité, quoi qu’on en dise, au plus gros du mouvement c’était les gens qui ne pouvaient pas venir sur les ronds-points qui emmenaient des caisses, des thermos de chocolat, de café, des gâteaux, de la nourriture.

Dans la suite du mouvement, les gens, peut-être qui arrêtaient d’aller sur les ronds-points, se sont organisés en montant des assos, des collectifs d’entraide, de distribution de bouffe. Certains se sont mis dans des causes écologistes. Chacun a essayé d’aller selon ses affinités, pour des sujets qui nous tiennent à cœur. Ce que je garde du mouvement c’est les personnes que j’ai rencontrées et que je continue à voir. Sans ce mouvement je ne les aurais pas rencontrées. On venait de milieux tellement différents. J’ai rencontré de belles personnes avec des valeurs communes. Je garde pour certaines de grandes amitiés. Je garde aussi le fait d’oser dire, de prendre la parole même si on pourrait nous la refuser lors de manifestations syndicales. J’ose plus prendre la parole, pour défendre mes valeurs.

Dans les réunions syndicales ils ne veulent pas entendre parler de lutte des classes, comme si c’était un gros mot. Quand tu prépares un mouvement, tu ne dois pas t’organiser avec la police, dire le parcours. Et certaines organisations syndicales défendent la police. Le gouvernement l’utilise pour contrer un mouvement, c’est grave, il y a un problème de liberté, pour se déplacer, s’exprimer.

Penses-tu que les GJ ont perdu ? Si oui, pourquoi ? Les revendications des GJ ont-elles été satisfaites selon toi ?

Par rapport aux revendications, il y a eu au début du mouvement la prime d’activité qui a été augmentée, pour que les patrons n’augmentent pas les bas salaires et que ceux qui en avaient se calment un peu. Mais en vérité il y a rien, tout a été verrouillé, et en plus, nos libertés aussi. On disait que vu que l’on avait trop de revendications, ce n’était pas légitime. Pour certains, rien n’a été gagné. C’est le système qui est verrouillé : envers les citoyens comme envers les élus. Treize 49.3, y a plus de contre-pouvoirs. Pour les syndicats pareils, malgré le nombre de manifestations on a rien gagné de concret. On partira à la retraite à 64 ans que l’on soit agriculteur, couvreur, il va falloir cotiser plus. En plus, on sait très bien ce qu’il en est pour les métiers manuels : un ouvrier est en bonne santé jusqu’à 64 ans en moyenne. Ça veut dire que vous allez partir en retraite, vous serez déjà en mauvaise santé. C’est super sympa, après avoir travaillé autant, d’être récompensé comme ça… Pour la classe ouvrière surtout. Évidemment t’es cadre… y a 12 ans de différence d’espérance de vie entre un cadre et un ouvrier. Tous les politiques devraient monter l’exemple. Mélenchon le premier, quel âge il a ?

Qu’est-ce qu’il a manqué selon toi ?

Le soutien : des syndicats, de la classe politique. On était vus comme des gueux. La classe moyenne disait : moi je ne suis pas GJ parce qu’être dans une classe moyenne c’est être dans une classe au-dessus. Il y avait les gueux, les GJ, les « cassos » qui allaient sur les ronds-points le samedi parce que la semaine ils travaillaient. J’extrapole un peu, j’aime pas cette expression. Sur un rond-point quelqu’un nous avait dit : mais t’as qu’à aller travailler !

Penses-tu que l’organisation des GJ était suffisante, notamment pour militer sur le plus long terme ?

Non, il aurait fallu être soutenus par des grandes organisations syndicales et politiques, eux ils ont la machine pour s’organiser, ils auraient pu mettre tous les moyens pour. Comment faire pour que les gens qui sont éloignés de la politique, des syndicats, puissent s’organiser ? Ce sont des travailleurs. Nous on n’arrive pas à vivre de notre travail, on veut une vie digne pour tous, que notre voix porte : le RIC. On a des idées. On pense que l’on est à même de pouvoir échanger là-dessus, faire ensemble. On a voulu dire aux GJ : vous n’êtes pas assez éduqués pour faire de la politique, les « gueux », vous avez trop de revendications, on est fatigués là. Le RIC, si y avait pas des blocages avec le nombre de votants, s’il était mis dans la constitution on pourrait s’en servir pour essayer de faire le contre-pouvoir, parce que là on voit bien que tout est bloqué : 49.3, 49.3, 49.3 !
Quand on nous dit que si l’on est contre les décisions du gouvernement on est anti-républicain, je me pose des questions. Si un jour on a un gouvernement d’extrême droite, on contestera des décisions du gouvernement on serait contre-républicain ? On voit bien qu’ils ont tout verrouillé pour que ça soit une oligarchie, que ça soit un petit groupe qui décide et le plus grand nombre il a qu’à subir ! Moi quand je traverse la rue je vais trouver un job payé au SMIC, Buzyn elle va en trouver un à 15.000 balles à l’OMS. C’est pas le même type d’avenir que l’on a. Y en a plein d’autres : y a Castaner qui est patron du port de Marseille, Blanquer on lui a carrément créé un poste dans une fac, à Paris 2. Lallement, éborgneur des GJ, devenu secrétaire général de la mer. On leur trouve tous un poste pour qu’ils pantouflent et gagnent des sommes astronomiques. Sibeth N’ Diaye patronne de l’Adecco, une boîte d’intérim, 11.000 balles par mois ! La nana elle n’était pas capable de mettre un masque mais elle devient patronne d’une agence Adecco quoi, de travailleurs ! Pape N’Diaye : ambassadeur !

Est-ce que tu penses que le mouvement des GJ peut repartir ? Si oui, sous quelle forme ? Comment vaincre Macron ?

Non, pas sous la forme que l’on a vu le 17 novembre [2018], c’est pas possible. Après que des gens s’organisent hors syndicats, hors politique c’est possible, mais ça l’avenir nous le dira. S’il y avait un autre mouvement de ce type, il faudrait l’organiser en amont. Il nous a manqué d’organisation. L’organiser dès le départ pour que ce soit plus fluide, que tout le monde sache où aller. En faisant avec les compétences de chacun : il y en a qui sont bons en informatique, d’autres bons orateurs ou pour avoir du réseau.

Avais-tu déjà milité avant les GJ ?

Je ne me suis jamais engagée dans une organisation humanitaire ni politique. Mais j’avais participé à quelques manifs. Je n’étais pas dans un syndicat.

T’es tu engagée pendant ou après les GJ dans un parti politique, syndicat, association ou collectif ?

Pendant le mouvement des GJ il y a eu les élections municipales. Je me suis engagée dans La liste Citoyenne. C’était sans programme. On se disait que c’était les habitants qui devaient savoir ce qu’ils veulent pour leur ville : l’urbanisme, l’école etc. Le but c’était qu’il y ait un tirage au sort pour participer à des réunions avec des « experts ». Pour que les gens s’investissent en politique, que ça ne soit pas que pour les gens qui ont fait des grandes études. Les habitants sont à même de savoir ce qui est bon pour le bien commun.

N’est-ce pas dépolitisant de ne pas avoir de programme ?

Un programme c’est des promesses, on va dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre. Il faut avoir l’état des lieux pour pouvoir agir.

Est-ce suffisant de seulement partir du local ?

Je pense qu’il faut partir localement. Si tu n’arrives pas à défendre tes idées localement, tu pourras pas les défendre nationalement. Il faut réfléchir ensemble, mettre des gens tirés au sort en réunion, peu importe s’ils sont de gauche, de droite. Il pourrait y avoir des patrons mais ils ne pourraient pas avoir le « monopole ».

Pourquoi t’es-tu engagée dans un syndicat ?

Je me suis engagée à la CNT parce que en tant que GJ j’ai rencontré des problèmes pour porter ma voix sur ma condition d’AESH. C’est le seul syndicat qui ne m’avait pas snobé pour défendre les conditions des travailleurs, et ce qui me concernait, les AESH. Mais là je change de profession, je me forme dans l’agriculture durable. Mais je soutiendrai toujours les revendications des AESH.

Pourquoi as-tu arrêté d’être AESH ?

J’ai arrêté quand je me suis rendue compte que je ne pourrai pas évoluer financièrement. On avait des temps partiels subis et personne n’a répondu à mes demandes... Les conditions de travail se dégradaient. Quand j’ai commencé on avait en charge un enfant. Cette année j’ai une collègue, elle en a 12. Comme j’avais fait pour le métier d’aide soignante, je ne peux pas cautionner ce système d’inclusion « low cost » pour les enfants en situation de handicap. Et pour les soignants c’était la mise en danger des patients et la maltraitance institutionnelle subie par les patients du fait d’un manque de moyens humains, car il n’y avait pas assez de personnels dans les services. Mais aussi parce que je demandais des formations pour m’améliorer dans ma pratique d’accompagnement. En 7 ans je n’en avais eu aucune. Même si j’avais les compétences d’aide-soignante, accompagner dans le soin et à l’école c’est pas la même chose. On ne m’a proposé qu’une formation à distance de 60 heures, par internet. Je me suis dit qu’il fallait que je change, il me restait donc 22 ans à travailler (67 ans à la retraite vu que j’ai une carrière hachée) et que j’aille vers un métier où je sois en accord avec mes valeurs et ce que je défends.

Il y avait beaucoup de femmes dans les GJ. Est-ce que de participer aux GJ t’a amené vers un engagement féministe ?

Oui il y avait beaucoup de femmes exerçant des métiers du soin, d’accompagnement, du « care », mal rémunérés, beaucoup de familles monoparentales. Le mouvement ne m’a pas plus tirée vers les valeurs féministes. Depuis enfant je me défends pour être l’égale des hommes, pas pour être au-dessus. Je trouve pas normal les écarts de salaires, parce qu’elles ont des enfants et des carrières hachées, qu’elles touchent des petites retraites par rapport aux hommes. Si les femmes ne font pas d’enfants, il y aura un problème démographique, donc moins de personnes pour payer les retraites, mais la récompense pour les femmes qui ont eu des enfants, c’est si tu veux ta carrière complète, tu bosseras jusqu’à 67 ans ! Je trouve pas normal que dans le monde ce soient les femmes donc les enfants qui subissent le plus les inégalités. Elles devraient être plus protégées mais les budgets ne sont pas mis là.

Depuis 30 ans en France, il y a eu plus de morts par féminicide que du fait des attentats. Pourtant les gouvernements successifs ont mis des moyens contre les attentats mais pas pour protéger les femmes. Les policiers pourraient beaucoup plus mettre la pression aux hommes violents, les informer de ce qu’ils risquent. Que ça soit à l’homme de dégager, pas aux femmes. A chaque fois c’est à la femme de partir avec ses enfants sur le dos. Même s’il y a la présomption d’innocence. Mais pour protéger femmes et enfants il faut vérifier que la personne accusée n’a pas commis les faits dont on l’accuse. Les femmes portent plainte mais la plupart des femmes tuées avaient porté plainte... Il y a un gros problème de financement. Et après ce sont les enfants qui subissent.

Où trouver l’argent ?

Avec l’évasion fiscale (80 milliards), avec la corruption (120 milliards). On pourrait reprendre l’argent aux profiteurs de l’inflation, ceux qui se font de l’argent sur les crises, qui mettent les peuples en danger, sur les profits des actionnaires, comme ça s’est fait après-guerre.

5 ans après où en est-on ? Penses-tu que les conditions de vie qui ont fait que les GJ se sont mobilisés se sont aggravées ? Est-ce qu’aujourd’hui la vie est plus difficile pour toi ?

Tout ce dont on se plaignait s’est exacerbé, de ne pas pouvoir bouffer au 15 du mois. C’était une certaine population, souvent des précaires, des gens qui avaient des CDD, des temps partiels, des familles monoparentales, des artisans taxés par le RSI : plus t’es petit et plus tu payes. Et plus tu es grand (plus tu as de pognon), une multinationale, moins tu payes. Ils n’ont pas les mêmes moyens pour faire de l’évasion et de l’optimisation fiscale. C’est maintenant la classe moyenne qui est arrivée à la même situation que dénonçaient les GJ le 17 novembre 2018. On parlait de donner de la légitimité au peuple, de pouvoir décider par des RIC, par des référendums. Là on voit que ça pourrait servir mais tout est verrouillé, on ne peut plus parler de rien. Un gouvernement, même s’il a pas la majorité, il peut prononcer des lois avec des 49.3. Il y avait une partie sur l’écologie aussi, quoi qu’on en dise : les plus gros pollueurs doivent être les plus gros payeurs. Les GJ n’étaient pas contre l’écologie mais disaient : moi je suis petit citoyen, pourquoi ça serait moi qui devrait payer ? Pourquoi alors que je pollue moins, les multinationales comme Total, LVMH, les marques de fringues qui font des dégâts écologiquement ne payeraient pas ? Ils vont dans des pays où la législation ne respecte pas les normes environnementales, ils arrivent à contourner les lois.

Leurs entreprises doivent faire un virage environnemental : moins de plastique, moins consommer d’électricité, essayer de trouver des alternatives. Mais les multinationales pensent « croissance, croissance, croissance » ! Alors qu’il faudrait penser résilience, consommer moins et mieux. Un quart de ce que l’on produit est jeté, pourquoi les produire ? Mais eux en fait, plus ils vont nous vendre de la merde et mieux ça sera ! Tant qu’ils nous vendront des produits transformés pas chers… et mauvais pour la santé, les pauvres subiront encore ! Faut voir pourquoi c’est pas cher : on pourrait parler de la Chine, et de la France. J’ai travaillé aux tomates, on était badgés pour informer le patron du nombre de kilos de tomates sortis au m2 par employé, pour toujours plus de rendement… et si le patron estimait que tu ne sortais pas assez de tomates, il venait te mettre la pression. J’ai essayé de suivre la cadence demandée, mais j’avais mal partout. Donc je faisais de mon mieux comme je l’ai toujours fait mais je me refusais d’avoir mal. Le patron au début a hésité à me garder pour la saison car je ne correspondais pas à ses critères de rendement, mais comme j’étais assidue, et mon travail était nickel il m’a finalement gardée pour la saison. Payer moins de gens pour toujours plus de tomates.

Est-ce que c’est pire pour toi 5 ans après, par rapport à l’inflation ?

Quand j’étais AESH je touchais à peu près 860 euros par mois. Là je touche mon chômage pour ma formation : 810€ par mois. Sachant que je dois faire l’aller-retour de Brest à Lesneven tous les jours pour m’y rendre. Donc j’y arrive de moins en moins avec l’inflation, c’est encore plus galère qu’avant. Mais je suis habituée depuis 10 ans, du moment où je me suis trouvée femme monoparentale, ma condition s’est précarisée, appauvrie. Et je ne suis pas sortie de là depuis 10 ans. Pourtant je travaillais, je cumulais deux emplois, pour subvenir à mes enfants. Je ne perçois pas de pension alimentaire pour eux donc j’étais la seule à subvenir à leurs besoins : AESH la journée et des ménages le soir dans des bureaux pour faire 35 heures en tout. Vu que c’est des métiers mal payés ça me faisait 1163 €, même pas le SMIC. J’ai donc décidé d’arrêter ces deux métiers pour aller vers un métier où je toucherai au minimum un SMIC.

Je ne suis pas très ambitieuse, je n’ai jamais été carriériste, je souhaite juste pouvoir exercer mon travail dans de bonnes conditions et pouvoir en vivre. J’avais quatre enfants à charge. Là il m’en reste deux à charge : 15 ans et 17 ans. Quand j’ai quitté le métier d’AESH je me suis retrouvée 4 mois sans rémunération car mon ancien employeur n’a pas envoyé les documents à temps mais trois mois et demi après ma fin de contrat. Et ils avaient notifié sur l’attestation que j’avais démissionné, ce qui n’était pas le cas. Du coup je me suis retrouvée 4 mois sans chômage. J’étais en train de préparer ma reconversion professionnelle, sans argent. Heureusement que j’ai quelqu’un dans ma vie. Si j’avais été seule, je ne sais pas comment j’aurais payé mon loyer, la mutuelle, les frais de scolarité, le bus. J’aurais pu me retrouver à la rue. Mais même en étant accompagnée je n’ai pas pu payer le bus de mes enfants, ma mutuelle. C’est quand même grave d’en arriver là. Du coup je dois payer des amendes : 180€ par enfant pour des amendes qu’ils ont eues et que j’ai pas pu payer parce qu’ils n’avaient pas de titre de transport à jour, 360€ en tout. J’avais pas payé l’abonnement donc leur carte ne marchait plus. J’ai attaqué l’académie auprès du tribunal administratif de Rennes pour récupérer mes droits au chômage pour ces 4 mois, l’affaire est toujours en cours. L’académie a voulu me faire payer mon engagement d’avoir dénoncé les conditions salariales et de travail des AESH dans la presse. Dès réception des documents de fin de contrat mensongés, j’ai envoyé un mail à l’intersyndicale des AESH pour expliquer ma situation, que je ne devais pas être la seule dans cette situation car en septembre 2022, 8% des AESH du Finistère avaient décidé de ne pas renouveler leur contrat. Je voulais les interpeller sur cette situation injuste. Un seul syndicat m’a témoigné son soutien (FO) et m’a proposé l’aide de leur avocat si besoin. Les autres : silence radio, même pas une réponse !

J’ai croisé une syndiquée avec des heures de décharge syndicale pour défendre les AESH, lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, le 19 janvier 2023. J’ai voulu évoquer la situation de mon dossier au tribunal administratif, elle m’a répondu textuellement : « Tu sais, nous, depuis la réforme des retraites nous sommes overbookés ». Mais pourtant cette réforme on savait depuis un moment que Macron comptait la passer, ce n’était pas une surprise. Depuis cette date j’ai décidé que je ne participerai plus à leurs marches même si je suis certainement plus concernée par les inégalités vu que je suis une femme. Je militerai différemment en m’engageant dans une asso, mais marcher et faire le tour de la mairie c’est fini pour moi !


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