C’est un rapport à charge qu’a publié la fondation Abbé Pierre ce 31 janvier. Au coeur des critiques, la politique de logements menée par François Hollande tout au long de son quinquennat. Pourtant, le 17 janvier dernier, Emmanuel Cosse, ministre du logement déclarait lors de ses voeux de début d’année : « Avons-nous réglé le problème du logement en France ? Pas encore, c’est certain, mais nous sommes sur les bons rails : 5 à 10 ans à ce régime et nous pourrons considérer que la France aura rattrapé l’essentiel de son retard. En matière de logement, le président de la République a atteint ses objectifs : 500 000 nouveaux logements par an, dont 150 000 logements sociaux. Nous sommes aujourd’hui à plus de 440 000 sur le premier objectif, et plus de 130 000 sur le second. Autant dire que le cap est tenu. » Pour le gouvernement, le bilan est donc positif.

Pourtant, les chiffres sont accablant. 3 960 000 de personnes au total sont mal logées, dont 2 090 000 vivant dans des logements très inconfortables, 934 000 en situation de surpeuplement accentué (à qui il manque au moins deux pièces) 753 000 personnes vivant à l’hôtel, dans des habitats de fortune ou chez des tiers et 143 000 personnes sans domicile, en France, en 2016. Dans ces statistiques, des personnes cumulent bien évidemment plusieurs critères. Et il s’agit, comme souvent pour ce genre de statistiques difficile à évaluer, de chiffres à minima... et qui explosent lorsqu’on s’intéresse aux chiffres des situations jugé "fragiles" : 1,123 million d’habitants de copropriétés en difficulté ; 1,21 million d’occupants qui ont accumulé des impayés de loyers et/ou de charges ; 4,3 millions de personnes qui s’entassent dans des logements trop petits ; 3,5 millions qui n’arrivent pas à se chauffer correctement. Et ces statistiques ne comptent même pas les 5,7 millions de personnes dont 35 % de leurs revenus servent à se loger, ne laissant que 650 euros par mois pour l’ensemble des autres dépenses. Voici donc le résultat de la politique d’Hollande en matière de logement. Pas de quoi fanfaronner devant les médias. Surtout que nombre de promesse n’ont pas été tenu, et que les financements promis - comme par exemple le doublement des aides à la pierre, de 250 millions à 500 millions d’euros - n’ont non seulement pas été tenu, mais ce budget a même été réduit à 200 millions d’euros !

Alors quela vague de froid n’est pas finie, ce rapport tombe comme un couperet pour le quinquennat Hollande. La fondation accueillera prochainement Jean-Luc Mélenchon, Benoit Hamon et Emmanuel Macron (François Fillon n’ayant pas encore répondu) à un audit sur le logement en vue de 2017. Pourtant, des éléments de programmes essentiels, soutenus par aucun de ces candidats, apparaissent aujourd’hui comme vitaux. D’une part, la réquisition massive de logement, autorisée par la loi, pour loger convenablement l’ensemble des sans-abris et la mise en place d’aides publiques pour sortir les populations précarisées et "fragiles" des situations de mal logement. Une mesure qui va de paire avec la régularisation de tous les sans papiers, afin que ces derniers puissent bénéficier de ces mesures vitales. Seules ces mesures constitue une sortie progressiste à la situation, et mettre fin à la précarité qui aujourd’hui tue en masse, dans les logements comme dans la rue.