Ce jeudi, des étudiants de l’université de Rennes 1 ont décidé de bloquer leur campus pour pouvoir rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites. Dès 6 heures du matin, les étudiants de la fac de droit ont été rejoints par les lycéens de Jean Macé qui bloquaient leur lycée, des étudiants de Sciences Po et des Beaux-Arts, ou même encore du campus de Beaulieu. Après être restés jusque 10h30, les différents groupes ont décidé de partir en cortège et de rejoindre la manifestation. A République, ils ont convergé avec le cortège de Beaulieu avant de se joindre au cortège de tête.

« La revendication principale, c’était les dispenses d’assiduité. Si tu ne vas pas en TD, tu as 0, ça veut dire que tu ne peux pas aller en manifestation » : nous relate ainsi Juliette. C’est après une Assemblée Générale, qui a réuni près d’une centaine de personnes mardi soir, que cette modalité d’action a été tranchée, guidée par une préoccupation simple : avoir le droit de manifester. Après avoir tenté à trois reprises d’obtenir une dispense d’assiduité auprès des différents conseils de la fac, en vain, les étudiants ont décidé de bloquer leur campus « pour réagir au refus » : « on trouvait que bloquer la fac c’était emblématique comme symbole […] Nous en tant qu’étudiants de droit, c’est un truc qui nous touche plus directement les dispenses d’assiduité ».

Au-delà de la question de la répression administrative, cette mobilisation s’inscrit dans le contexte politique plus général et contre le 49.3 et le tournant autoritaire du gouvernement. Pour Juliette, c’est « contre la réforme des retraites, mais aussi contre le gouvernement et sa manière de gouverner » que les étudiants ont décidé de rentrer dans le mouvement. Et la mobilisation à Rennes 1 en a étonné plus d’un : « Le jour suivant, une prof nous expliquait que c’était historique, puisque que le dernier blocage était en 2006 et n’avait duré que quelques heures ».

L’entrée dans le mouvement de Rennes 1 est d’autant plus symptomatique de la profondeur de la colère qui traverse la jeunesse, puisque l’université est considérée comme l’un des bastions de l’UNI, une organisation étudiante d’extrême-droite. Un premier blocage historique donc, qui invite à réfléchir aux suites de la mobilisation. Juliette explique : « ça a lancé des grosses discussions, ils [les étudiants] ne comprenaient pas forcément le principe du blocage ». « J’invite les étudiants à venir en AG pour décider de la suite ! » conclue-t-elle.

L’étendue de la lutte étudiante, qui touche des universités, des campus et des écoles qui ne prennent habituellement pas part aux mobilisations est un facteur qui pourrait devenir déterminant pour la suite du mouvement actuel.La référence au CPE n’est alors pas anodine, puisque la situation montre qu’il est possible qu’un mouvement étudiant massif se déploie Mais pour que la jeunesse impose son propre rythme au mouvement et dépasse le plan de bataille de la défaite imposé par l’intersyndicale, l’urgence est à la coordination du mouvement : des assemblées générales locales à la Coordination Nationale Étudiante, l’ensemble des facs doivent s’organiser et se structurer afin que se consolide un mouvement politique contre Macron, ses réformes et son monde !