×

Migrants de La Chapelle

A un mois de l’expulsion de la Chapelle, les migrants appellent à relancer la mobilisation

Maria Chevtsova Depuis plus d’un mois, les « migrants de La Chapelle » sont chassés, réprimés et trimballés d’un camp de fortune à un autre, ou, pour certains, dans un centre d’hébergement pour une durée indéterminée, variant selon les situations individuelles. Pour ceux qui se retrouvent encore à la rue, la situation matérielle se dégrade, mais leur détermination à trouver une issue collective persiste, malgré la canicule et le Ramadan qu’ils suivent pour la plupart. Les jours à venir doivent témoigner d’une reprise de la mobilisation en leur faveur, à la hauteur de la répression qu’ils subissent. Après une démobilisation partielle et temporaire suite à l’expulsion du jardin d’Eole, un nouvel élan doit relancer les mots d’ordre de cette lutte : des logements et des papiers pour tous les migrants.

Facebook Twitter

Pajol – Eole – Pajol : retour sur l’errance des migrants

Après avoir été chassés de la Halle Pajol le 8 juin dernier à coup de gaz lacrymogènes et de coups de matraque par les CRS, les « migrants de La Chapelle » qui n’ont pas réussi à obtenir un hébergement de longue durée suite à l’occupation de la caserne de Château-Landon, se sont regroupés au jardin d’Eole dans les conditions les plus précaires (2 toilettes pour 180 personnes, un seul point d’eau, présence policière resserrée…). Riverains, groupes de soutien, organisations associatives et politiques n’ont pas cessé de se mobiliser en apportant à la fois un soutien logistique répondant aux besoins de première nécessité (nourriture, protection de nuit, hygiène de base…), mais aussi un soutien juridique (accompagnements individualisés vers les démarches de demande d’asile, points juridiques journaliers…) et politique (présence et soutien des grévistes des hôpitaux en lutte alentours).

Au bout d’une semaine, le camp commençait à s’auto-organiser et ne cessait de croître, accueillant de nouveaux arrivants, devenant alors de plus en plus visible, et donc de plus en plus menaçant pour le Ville de Paris et le gouvernement Valls. Des assemblées générales se tenaient presque quotidiennement, en présence des migrants et des soutiens, parlant des conditions matérielles mais aussi des actions à mener. Le 19 juin, la Ville de Paris, l’OFPRA, et des conseillers municipaux des partis de gauche (PCF, EELV), main dans la main, ont mis la pression sur les migrants pour qu’ils acceptent leurs conditions de relogement. Plusieurs cars de CRS étaient aussi garés près du jardin, au cas où…

Ainsi dispersés aux quatre coins de l’Ile-de-France pour une période indéterminée, les migrants ont perdu en visibilité : belle tentative de la Mairie de Paris pour casser la mobilisation. Mais les conditions de relogement n’étaient pas à la hauteur de leurs revendications, puisqu’ils ont parfois été logés à 8 dans des chambres de 3 personnes, souvent insalubres, et mis dehors quelques jours après leur arrivée. Ainsi, beaucoup d’entre eux étant condamnés à retourner dans la rue, les migrants ont décidé de se retrouver à nouveau ensemble à la Halle Pajol, pour monter leur énième camp de fortune. Pajol – Eole – Pajol, c’est « comme des chiens » que les migrants affirment avoir été traités, eux qui ont traversé des déserts et des mers pour fuir leurs pays. Mais leur motivation n’a pas faibli, bien au contraire !

40 degrés ne suffiront pas !

Un rassemblement sur la Place Saint-Michel avait été appelé le mercredi 1er juillet par différents associations, syndicats et partis. Avec eux, une petite centaine de soutiens associatifs et politiques se sont réunis pendant une heure à ce rassemblement, qui fut plus humanitaire que politique, agitant de rares drapeaux et scandant quelques slogans. Le mercredi soir même, les migrants, réunis en assemblée à Pajol, ont décidé d’appeler à une manifestation dans le quartier de La Chapelle pour le lendemain, afin de « célébrer » la mémoire de la première expulsion de La Chapelle, advenue exactement il y a un mois, le 2 juin. Le jeudi 2 juillet, la situation fut en revanche bien différente quand les migrants ont décidé d’eux même de partir en manifestation dans le 18ème arrondissement, depuis le campement de la Halle Pajol. Plus de 70 CRS étaient présents, encerclant littéralement le quartier, et ne permettant plus à certains parmi les manifestants et soutiens de quitter le rassemblement sauf à montrer leurs cartes d’identité… Ironie du sort pour une manifestation en soutien aux migrants de Pajol, par définition sans papiers… !

Le gouvernement et la Ville de Paris ont bien vu la détermination qui animait les migrants, et ont aussitôt envoyé leurs chiens de garde en masse. Une centaine d’entre eux et une autre centaine de soutiens étaient présents à 18h, pour partir en manifestation, mais celle-ci a été empêchée par les forces de l’ordre, barrant la route au petit cortège présent. Nombre de militants étaient en fait présents à la manifestation en soutien au peuple grec qui se tenait à Bastille au même moment. Les CRS ont voulu intimider les manifestants par leur nombre, mais les migrants ont tenu bon, à quelques centimètres à peine des robocops, tenant fièrement leur banderole et ne craignant pas les coups qui auraient pu arriver. La canicule et la Ramadan (suivi par la majorité des migrants) n’ont pas affaibli leur rage et leur détermination. 40 degrés ne suffiront pas à faire reculer celles et ceux qui ont traversé des déserts et des mers pour fuir la misère. Bloqués sur le parvis de la Halle Pajol plus de 4h durant, les migrants et les soutiens sont donc retourné rompre le jeûne vers 22h.

Face aux réponses du gouvernement, intensifions le mouvement !

Le gouvernement a testé plusieurs options face à la question des migrants. Tout d’abord il a misé sur la répression en les délogeant violemment migrants : l’effet médiatique qui s’en est suivi a été tel que l’opinion publique a été choquée. Il a ensuite essayé de disperser les migrants en les envoyant dans différents centres d’hébergement d’urgence pour quelques nuits, affirmant que le problème était réglé… mais plus de 120 migrants se retrouvent à la Halle Pajol quelques jours plus tard, ce qui fait tâche. Maintenant il mise sur le pourrissement de la situation : entre la canicule et les vacances d’été (impliquant le départ de la capitale d’une partie des soutiens parisiens, qui vont ainsi laisser les migrants livrés à eux-mêmes), les délogements passeront inaperçus…

Notre réponse doit être à la hauteur de la situation, et les mobilisations doivent s’intensifier les jours qui viennent, l’enjeu est crucial. Les migrants ne cessent de montrer leur ténacité, il faut maintenant plus que jamais que l’ensemble des soutiens, des syndicats, des partis politiques, des travailleurs et des secteurs en lutte apportent leur solidarité aux migrants, de La Chapelle et d’ailleurs, face aux attaques de ce gouvernement obstinément réactionnaire.


Facebook Twitter
Scandale : l'inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Scandale : l’inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Répression syndicale : 300 personnes aux côtés de Christian Porta face aux patrons voyous d'InVivo

Répression syndicale : 300 personnes aux côtés de Christian Porta face aux patrons voyous d’InVivo


Pour un 1er mai contre leurs guerres et l'austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

Pour un 1er mai contre leurs guerres et l’austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

Grève massive des conducteurs de bus de Montesson et Argenteuil pour les salaires

Grève massive des conducteurs de bus de Montesson et Argenteuil pour les salaires

La précarité tue : une étude de l'Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

La précarité tue : une étude de l’Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

Belgique. Les postiers en grève massive face à la menace de suppression de 4 500 emplois

Belgique. Les postiers en grève massive face à la menace de suppression de 4 500 emplois

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise