Ce lundi matin, les autorités ont lancé un nouvel assaut répressif contre le mouvement écolo en interpellant et plaçant en garde-à-vue 17 militants en Normandie et en Ile-de-France, dans le cadre d’une opération policière conjointe de la Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT) et de la direction territoriale de la police judiciaire de Rouen. Ces interpellations font suite à une série d’actions menées le 10 décembre dernier par une centaine de personnes sur le site industriel Lafarge-Holcim de Val-de-Reuil dans l’Eure, dans le cadre de la campagne contre Lafarge et l’industrie du béton, coordonnée par les Soulèvements de la terre.

Un témoin, contacté par FranceInfo, décrit une interpellation particulièrement brutale : « Les policiers ont débarqué dans l’appartement à 6h30 du matin. Ils l’ont menotté et assis sur une chaise. Pour lui, c’était violent.[...] Et là, on n’a plus de nouvelles de lui depuis hier matin. On ne sait pas combien de temps va durer sa garde à vue ». En effet, dans ces conditions, les gardes à vue des militants, détenus dans les locaux de la SDAT à Levallois-Perret, peuvent durer jusqu’à 96h. Face à cette offensive, des rassemblements de soutien ont été appelés ce mardi soir devant les locaux de la SDAT à Levallois et devant le palais de justice à Rouen, mais aussi à Nantes, Reims et Lyon. De même, pour Angers mercredi soir ou Rennes dans la soirée de jeudi.

La mobilisation du 10 décembre dernier, visant à protester contre le projet autoroutier A133-A134 de contournement est de Rouen, avait été réprimée par la police, qui avait fait usage de gaz lacrymogènes comme elle l’avait déjà fait lors de précédentes journées d’action contre la bétonisation des sols. Avec cette vague l’interpellations, l’Etat poursuit sa politique de criminalisation des militants écologistes. Déjà, en juin dernier, des effectifs de la SDAT avaient aussi été mobilisés suite à des actions contre une cimenterie Lafarge près de Marseille. Dans le même temps, les accusations d’ « écoterrorisme », sont devenues quasi-systématiques dans la bouche des autorités, justifient l’usage de techniques de répressions d’exception pour réprimer les militants écologistes.

Une répression au service des méga-pollueurs

Les premiers à profiter de cette répression féroce sont les entreprises méga-polluantes, gavées aux subventions publiques, comme Lafarge. Devenu une filiale du groupe Holcim en 2021, Lafarge est en effet un méga-pollueur, dont il est attesté qu’il rejette des produits toxiques dans les cours d’eau du monde entier, de la Namibie aux berges de la Seine, et cela tout en profitant d’argent public, subventionné par le gouvernement français sous couvert de « décarbonation ».

Selon l’Humanité, le groupe a par exemple perçu « la bagatelle de 228 millions d’euros de subventions pour le développement d’un projet de stockage du CO2 dans sa cimenterie polonaise de Kujawy, ce qui représente 60 % du montant total du projet », et a ainsi profité des subventions pour s’étendre.

En plus d’empoisonner les travailleurs et la population, Lafarge a même reconnu avoir financé l’Etat Islamique à partir de 2013, afin de pouvoir poursuivre ses activités en Syrie, avec la complicité de l’État français et de la DGSE qui étaient au courant de ces relations.

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Dans un communiqué, les organisateurs des Journées contre le béton dénoncent « l’entêtement du gouvernement à écraser par la force l’essor des mouvements écologistes, ainsi que les résistances qu’il ne parvient pas à canaliser face à l’exploitation économique » ainsi que « l’usage récurrent des moyens de l’anti-terrorisme pour diaboliser spécifiquement les mobilisations qui menacent les intérêts des lobbys industriels ». Face à cette offensive, il faut faire front.

Des interpellations des militants écologistes aux intimidations contre les voix solidaires de la Palestine, en passant par la répression du mouvement ouvrier post-bataille des retraites, la répression d’Etat fait système et il devient plus que jamais nécessaire de mener une lutte d’ensemble contre la répression et l’autoritarisme.