Ce mercredi, à 6 heures du matin, cinq militants - dont trois sont des militants syndicaux de la FSU, Solidaires et la Confédération Paysanne - étaient interpellés chez eux par la police, certains devant leurs enfants. Le motif : ils sont accusés d’avoir allumé un feu de poubelle devant la préfecture du Tarn lors de la manifestation ayant fait suite à l’annonce du 49.3, le 16 mars dernier. Placés en garde-à-vue, les militants devaient passer en comparution immédiate ce vendredi.

Les organisations syndicales et politiques ont réagi aussitôt, appelant à un rassemblement de soutien devant le tribunal pour exiger leur libération. Ce sont des centaines de personnes qui ont répondu à l’appel ce vendredi dès 13 heures devant le tribunal d’Albi, chantant énergiquement « On est là ! ».

Une heure plus tard, ayant refusé la comparution immédiate, les cinq interpellés sortaient du tribunal, très émus face à la foule solidaire. Leur audience étant reportée au 2 mai, ils sont placés sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer une fois par semaine au commissariat ou la gendarmerie, interdiction d’entrer en contact entre eux et... de porter une arme.

« Malgré le climat de terreur que le préfet veut nous imposer, on va continuer de porter nos revendications de manière solidaire, unie, déterminée comme nous l’avons fait jusque là. Merci et bravo à nous toutes et tous pour la manière unie, solidaire et soudée avec laquelle nous faisons front face aux violences du gouvernement. Face à notre solidarité, ils n’ont plus comme arme que de s’en prendre à la vulnérabilité de nos corps, comme ils l’ont fait à Sainte-Soline, et d’essayer de nous faire taire, ils vont perdre aussi sur ce terrain là ! » concluait une représentante de Solidaires 81 à la fin du rassemblement.

Dans la continuité de la violence d’État inouïe qui s’est abattue sur les manifestants de Sainte Soline ce weekend, laissant deux jeunes entre la vie et à la mort, la volonté du gouvernement de terroriser les manifestants s’exprime aussi sur le terrain judiciaire : interpellation à domicile pour avoir traité Macron d’« ordure » sur Facebook, condamnation à 10 mois de prison pour un jet de projectile sur la police, à 3 ans de prison pour s’être défendu avec un skateboard, sans compter les interdictions de manifester qui tombent à la chaîne...

Comme l’explique Anna, cheminote et militante à Révolution Permanente, présente au rassemblement avec une délégation de cheminot·es toulousain·es de Sud Rail : « Tout le monde voit que le pari de Macron pour faire taire la contestation grandissante, c’est la répression. Ils essayent de faire des exemples, c’est pour ça qu’ils envoient les flics sur les piquets de grève et même maintenant les envoient chercher les militants chez eux tôt le matin. C’est tout ça qu’il faut dénoncer, et je pense que la réponse qui est faite à Albi, c’est de montrer que la meilleure façon de résister c’est l’unité par en bas, c’est de montrer qu’on se laissera pas intimider et que la lutte va continuer. »