L’allocution d’Emmanuel Macron ce soir s’est déroulée exactement comme on pouvait l’attendre. Tout en marquant un changement de ton par rapport à son discours très offensif du 15 mars 2023, où il s’en était pris aux « factieux », Macron a déroulé pendant un quart d’heure un discours convenu, visant à donner l’illusion d’une reprise en main de la situation.

Après avoir insisté sur la légitimité de sa réforme des retraites, « adoptée conformément à ce que prévoit notre Constitution », Macron a décliné longuement les trois chantiers rabâchés depuis le début de son deuxième quinquennat : travail, ordre républicain (comprendre répression et chasse aux immigrés) et « progrès pour mieux vivre. »

Rien de concret dans cet autosatisfecit totalement artificiel : Macron a rappelé son programme en tendant la main à « toutes les forces de bonne volonté », à commencer par la droite et les organisations syndicales, pour aller vers « cent jours d’apaisement et d’action » . Après 3 mois d’un mouvement d’une ampleur inédite, et alors que 60% de la population souhaite que le mouvement contre sa contre-réforme se poursuive, difficile de ne pas voir derrière ce déni des réalités une fuite en avant.

Pendant que Macron parlait, près de 300 rassemblements avaient en effet lieu dans toute la France, réunissant des milliers de personnes qui ont scandé « Macron démission » et frappé sur des casseroles. Une mobilisation inédite qui fait suite à des appels sur les réseaux sociaux repris par Attac et de nombreuses organisations syndicales localement.

Si la mobilisation est restée limitée en termes quantitatifs, son étendue donne une idée de la profondeur du mouvement toujours en cours dans le pays. Un constat qui rend d’autant plus scandaleux l’attitude de l’intersyndicale, qui a choisi de ne pas appeler à la mobilisation avant le 1er mai et dont la principale figure, Laurent Berger, a réaffirmé ce soir sa volonté de dialoguer avec Macron.

A rebours de cette attitude conciliatrice, nous avons besoin de nous organiser partout, pour discuter des bilans du mouvement et construire une autre stratégie, fondée cette fois sur la construction d’un rapport de forces par la grève, pour faire retirer la contre-réforme, augmenter les salaires mais aussi en finir avec la Vème République.