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Tout sauf une surprise…

COP 21. Une conférence d’ores et déjà aussi décevante que les précédentes

Julian Vadis Qui s’en étonnera ? Le discours, ce mercredi après-midi, de Laurent Fabius, président de la COP 21, n'a fait que confirmer ce que l’on savait déjà : la mascarade identifiée de longue date de la COP21, présentée comme historique et qui se tient encore jusqu’à ce soir sera, au mieux, aussi décevante que les précédentes conférences sur le climat. Et pour cause, aucun des objectifs principaux n'est pour l’instant décidé...

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Il ne reste guère que les représentants d’ONG participant à la mascarade pour être atterrés. Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas-Hulot, a ainsi déclaré, abasourdi, qu’ « il ne rest[ait] que 24h aux négociateurs et tous les points les plus chauds restants ont été repoussés ! Cela fait cinq ans qu’on travaille sur un texte ambitieux pour la planète, et il va être tranché en une longue nuit… » En effet, le texte rendu public est encore rempli de crochets, et surtout d’options. Ces subtilités diplomatiques démontrent par les faits que les choix politiques sont encore à faire.A l’heure où nous écrivons ces lignes, même l’objectif officiel des signataires du traité n’est pas encore acté. Plafond maximal de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle ? Ou formulation plus vague d’un « bien en-dessous de ou objectif 1,5°C ? Ce qui serait un objectif pour le moins ambitieux, sachant que le monde s’est déjà réchauffé de 0,8°C et qu’aucune prise de position ferme n’a été prise vis-à-vis de la question de l’énergie fossile. En ce sens, la question des financements de la transition et de l’adaptation est dans une situation de blocage total, tout comme le financement de l’aide au développement des pays du Sud, essentielle pour éviter un développement sur la base des énergies fossiles polluantes.

Fabius reporte la dead line pour un accord aux forceps

« Je pense être en mesure de présenter demain au Comité de Paris ma proposition de texte final. Nous sommes dans les derniers mètres qui nous séparent de l’accord universel, juridiquement contraignant, ambitieux, juste et durable que le monde attend. » Ou comment repousser l’échéance pour tenter d’arracher aux forceps un accord important pour le gouvernement PS. En effet, la COP 21 reste la grande échéance diplomatique du quinquennat de François Hollande, et il est clair que le résultat est pour l’instant bien trop catastrophique pour le chef de l’Etat. Pour arriver à arracher de symboliques accords supplémentaires, Fabius a été contraint de changer de méthode en cette fin de conférence. Le ministre a ainsi décidé d’appliquer la formule employée en 2011 à la COP de Durban, celle dite des « ?indabas ? », un terme zoulou. Il s’agit de convoquer des assemblées informelles afin de mettre à plat les points de blocages et de faire émerger des solutions.

Attendre que les solutions émergent d’elles-mêmes en permettant à chaque interlocuteur de « se lâcher » ? Il faudra au moins cela pour faire bouger les lignes, tant de nombreux protagonistes semblent assis sur leur position. Les pays en développement ne souhaitent pas être mis sur le même pied d’égalité que les pays historiquement responsables du réchauffement climatique, ce qui constitue un obstacle de taille pour le financement des 100 milliards d’aide au développement pour les pays pauvres. «  ?Un accord durable ne peut pas être élaboré en diluant les responsabilités historiques et en mettant les pollueurs et les victimes sur le même plan ? », a ainsi lancé Prakash Javadekar, le ministre de l’Environnement de l’Inde, tandis que le Malaisien Gurdial Singh Nijar estime pour sa part que le projet de texte actuel remet en cause « ?la responsabilité commune mais différenciée ? » de la Convention climat de l’ONU de 1992, qui prévoit que l’action climatique incombe en priorité aux pays développés. Si on ajoute à cela les positions du Venezuela et de l’Arabie Saoudite, dont l’économie dépend de l’exploitation des énergies fossiles et qui souhaitent maintenir l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 2°C, on comprend vite que ce n’est pas en une nuit blanche que l’accord historique censé sauver la planète sera signé. Mais comme à Durban, il faudrait davantage un miracle qu’une multitude d’« ?indabas ? » pour arriver à un accord qui ait un impact positif sur le dérèglement climatique.C’est donc sur un échec plus que prévisible que va se clôturer la COP 21. Un constat qui n’a pas empêché Laurent Fabius de se présenter tout sourire devant un parterre de journaliste, soutenant mordicus qu’ils allaient « y arriver ». Présentant chaque avancée minimale comme un bond de géant pour l’humanité, et en particulier l’accord des 196 Etats pour formuler des engagements de réduction de gaz à effet de serre qui ne pourront pas être moins ambitieux que les précédents. Bien sûr, Fabius se garde bien de préciser que cet accord sera mis en application en 2024… Une décennie pour régler une urgence ! On comprend mieux pourquoi le gouvernement a mis tant d’énergie à réprimer violemment les manifestants le 29 novembre,avec plus de 317 gardes à vue, sous couvert d’état d’urgence, pour celles et ceux qui ont bravé l’interdit afin de s’opposer à cette mascarade.Derrière un cynique « il reste du travail à accomplir », l’objectif reste de préserver les intérêts économiques ; la participation de grands groupes pollueurs dans les négociations en atteste. En montant en épingle chacune des microscopiques avancées, qui seront bien entendu totalement inefficaces dans le contexte climatique actuel, Fabius cherche à obtenir la caution “écolo” et gagner un peu de crédit aux yeux de la population. Pour songer sérieusement à l’avenir du climat, tous ces braves gens nous diront sans doute d’attendre la COP 22…


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