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Capitalisme vert

COP28. Le Crédit Agricole arrête de financer les entreprises polluantes... sauf Total

Au lendemain de la COP 28, le Crédit Agricole a annoncé la fin de ses investissements dans les nouveaux projets fossiles. Une annonce de pur greenwashing pour dissimuler la poursuite des financements indirects des industries fossiles.

James Draoust

19 décembre 2023

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COP28. Le Crédit Agricole arrête de financer les entreprises polluantes... sauf Total

Crédits photo : Mike Langridge

Jeudi dernier, juste après la fin de la COP 28, le Crédit Agricole, troisième entreprise la plus polluante du CAC 40 en termes d’émission de gaz à effet de serre, a annoncé qu’elle réduirait de 75 % ses financements sur le secteur du pétrole et du gaz d’ici à 2030. Une annonce, considérée plus « ambitieuse » que le précédent objectif affiché par la banque, en 2022, d’une réduction de 30 %, pourtant loin de marquer la fin des financements fossiles.

En effet, selon l’ONG Reclaim Finance, le nouvel objectif de réduction des investissements concerne « dans une moindre mesure les financements de nouveaux champs gaziers et pétroliers mais surtout les financements des producteurs fossiles indépendants seulement ». Cette catégorisation laisse de côté les majors fossiles et les entreprises liées au secteur fossile, comme TotalEnergies, dont le Crédit Agricole est actionnaire et conseiller privilégié. Un tour de passe-passe qui permet Crédit Agricole de continuer de soutenir l’industrie fossile sur des projets de nouveaux terminaux GNL (gaz naturel liquéfié, ndlr), tout en finançant, via des prêts indirects, au moins 12 grandes entreprises fossiles depuis 2020.

Derrière ces fausses « ambitions », le Crédit Agricole est la septième banque mondiale, finançant le plus de « bombes carbones », des projets d’extraction fossile aux conséquences dramatiques sur les populations locales, le climat et la biodiversité. Selon une enquête du journal Le Monde, BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE/Natixis auraient financé à hauteur de 18 milliards de dollars « 11 grandes entreprises d’extraction fossile, que l’on peut relier à 51 bombes carbone distinctes ». De son côté, le Crédit Agricole a injecté 6 milliards de dollars dans des projets écocides de sept entreprises épinglées pour leurs activités, comme Glencore, une entreprise d’extraction de charbon.

Loin d’être en baisse, le financement continu des énergies fossiles fait exploser les émissions de gaz à effet de serre du secteur bancaire. BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole sont les trois entreprises les plus émettrices de CO2 du CAC 40, d’où leur préoccupations actuelles pour verdir les investissements et ancrer leurs ambitions dans le sens de la COP 28. Ainsi, les annonces de Crédit Agricole ont été précédées d’autres, tout aussi douteuses, notamment de désinvestissement de l’exploitation du charbon dans la sidérurgie par BNP Paribas, le 23 novembre dernier, et pour Société Générale, d’un rappel de ses objectifs climatiques, le 27 novembre dernier.

Cette tendance se confirme pour tout le secteur bancaire international durant la COP 28. Ainsi, la banque chinoise ICBC, premier financeur de « bombes carbones », a annoncé imposer 7 milliards de dollars d’ « obligations vertes » pour les industriels chinois. De même, Citi, deuxième financeur de « bombes carbones », a annoncé la poursuite de financement de « projets verts » en Afrique et au Moyen-Orient.

Des incantations écologiques du secteur bancaire qui font suite aux litigieux de la COP 28. Mais ces effets d’annonce de projets « ambitieux » ou « historiques », sont loin de cacher le rôle de greenwashing des COP, véritables think-tanks de verdissement du capitalisme. Ces décisions sont d’abord des mécanismes étudiés pour faire perdurer les profits des banques et des multinationales, tout en amplifiant la dépendance économique et le pillage des ressources naturelles des pays semi-coloniaux.


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