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Catastrophe capitaliste

Catastrophe capitaliste. 57 entreprises responsables de 80 % du CO2 émis depuis les accords de Paris

Le nouveau rapport du Carbon Majors Database montre que les émissions de CO2 depuis les accords de Paris en 2015 n’ont fait qu’augmenter, et que seulement 57 entreprises sont responsables de 80 % de celles-ci.

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Catastrophe capitaliste. 57 entreprises responsables de 80 % du CO2 émis depuis les accords de Paris

Crédit photo : joiseyshowaa

Seulement 57 entreprises sont responsables de 80% des émissions de CO2 rejetées après les accords de Paris, en 2015. C’est la conclusion du nouveau rapport du programme Carbon Majors database, publié le 4 avril.

Ce programme, mené par des scientifiques de référence, s’attelle à compiler les émissions des entités les plus polluantes dans la production de pétrole, de gaz, de charbon et de ciment. Sont prises en compte les émissions d’entreprises privées (comme TotalEnergies), d’entreprises dont l’État est le principal actionnaire (comme Saudi Aramco) mais aussi de certains États.

Les conclusions du rapport sont accablantes. Elles montrent que l’accord de Paris, ratifié en 2015 par 195 pays lors de la COP21, et censé limiter le réchauffement climatique « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », et si possible sous 1,5°C, n’a fait qu’accompagner de nouvelles hausses des émissions de CO2. Ainsi, depuis 2016, les émissions de gaz a effet de serre des entreprises ont bien continué à augmenter : « la Carbon Majors database révèle que la plupart des entreprises publiques et privés ont étendu leurs activités de production depuis l’accord de Paris, 58 des 100 entreprises [étudiées, ndlr] ont été liées à des émissions plus élevées au cours des sept années qui ont suivi l’accord de Paris qu’au cours de la même période avant l’accord ». Parmi elles, 57 seulement sont responsables de 80 % de ces émissions, ce qui « souligne la concentration croissante des émissions », selon le rapport. La voie que suivent ces entreprises nous entraînent droit vers le chaos climatique : « les producteurs de combustibles fossiles intensifient leurs efforts de production. D’ici 2030, ces producteurs projettent de produire 110 % de combustibles fossiles de plus qu’ils ne devraient pour une trajectoire à 1.5°C, et 69 % de plus que pour une trajectoire à 2°C. ».

Dans une conclusion particulièrement intéressante, le rapport montre que si plusieurs entreprises privées ont réduit leur production de charbon, ce sont les Etats et les entreprises dont ils sont les actionnaires majoritaires qui ont pris le relai de cette activité particulièrement polluante. Résultat : loin de baisser, la consommation globale de charbon a augmenté de presque 8 % entre 2015 et 2022, atteignant un record de 8,3 milliard de tonnes en 2022. Un constat qui montre que, loin d’être des alliés dans la lutte pour une planète vivable, les Etats capitalistes sont des ennemis à combattre, au même titre que les Total, Lafarge et Exxon, dont ils protègent par ailleurs constamment les intérêts.

Dans ce sens, la proposition de Marie Toussaint, tête de liste des Écologistes (anciennement EELV) aux européennes, d’acheter une majorité des actions des entreprises polluantes via un fonds souverain européen, afin de les « contraindre » à respecter les accords environnementaux, apparaît particulièrement en décalage avec la réalité de la situation écologique. Les données du Carbon Majors Database prouvent en effet que propriété publique d’une entreprise ne rime nullement avec respect de l’environnement. Un constat qui, il est vrai, est dur à assumer pour une force politique qui cherche à contenir la question de l’écologie sur le terrain électoral et institutionnel.

A l’inverse, les données publiées par le Carbon Major Database prouvent qu’on ne peut compter que sur nos propres forces pour lutter contre les entreprises qui détruisent la planète et leurs auxiliaires étatiques. Sans prise de contrôle des travailleurs sur les raffineries, les mines, et cimenteries, les émissions continueront de croître entre les mains des entreprises et des Etats capitalistes, nous emmenant droit vers des scénarios climatiques cauchemardesques. Pour tirer le frein d’urgence, il faut revendiquer l’expropriation et la mise sous contrôle ouvrier de ces entreprises, privées ou publiques. Une première étape indispensable pour pouvoir décider démocratiquement et par en bas de ce qui est produit, et mettre en place les reconversions rendues nécessaires par la crise. Cette perspective ne peut être défendue qu’en mettant la force de frappe des travailleurs au centre du combat écologique, alors que les grèves de l’automobile aux Etats-Unis, ou encore celles des raffineurs en France, ont prouvé leurs capacité à créer un rapport de force important contre les géants de la pollution.


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