A peine une semaine après avoir appris qu’il ne serait pas mis en examen dans l’affaire Bygmalion, Copé se lance donc dans la course aux primaires. Il rejoint ainsi les six candidats présents dans cette course à l’investiture. Si celui-ci affirme que sa candidature n’a rien à voir avec Nicolas Sarkozy, difficile de croire à cette version. Les deux hommes se détestent depuis qu’ils ont essayé de se faire mutuellement porter le chapeau dans l’affaire Bygmalion, un système de fausses factures organisé durant les présidentielles de 2012. Après les accusations de Sarkozy lors de son audition devant les juges en octobre dernier, Copé avait d’ailleurs déclaré : « Je ne lui pardonnerai pas. Je peux vous assurer qu’il me le paiera !  ». Premier signe de cette volonté de couler son ennemi : celui-ci a annoncé sa candidature sur France 2 le même soir que l’intervention de Nicolas Sarkozy sur TF1, une manière à peine cachée de gâcher la stratégie médiatique de l’autre.

C’est donc un nouveau coup dur pour l’ancien président de la république. Il est loin le temps où celui-ci, après avoir repris les rênes du parti fin mai, pensait pouvoir s’imposer comme le candidat naturel des Républicains. Au contraire, la guerre des chefs est bel et bien lancée avec les candidatures de Juppé, Fillon, et celles à venir de Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, voire Henri Guaino qui pourrait se lancer également dans la course. Un à un, les lieutenants de Sarkozy le lâchent, comme récemment Jean-Pierre Raffarin qui s’est rallié à la candidature de Juppé. Il faut dire que l’ancien président est encore inquiété dans deux affaires judiciaires : Bygmalion et l’affaire « Paul Bismuth ». Certains disent même qu’il pourrait renoncer à se présenter devant l’affront que constituerait une éventuelle défaite pour lui.

Cette primaire à droite exprime à elle seule le niveau de décomposition de la vie politique française, où les politiciens en col blanc aux casiers judiciaires plus fourni les uns que les autres règlent leurs comptes, au mépris de ceux qui sont exploités au jour le jour. Et le grand favori dans cette course est Alain Juppé, qui cherche à se mettre au-dessus de la mêlée. En apparence seulement, car celui-ci n’est pas en reste non plus côté judiciaire. En 1995, il est en effet reconnu coupable, mais non condamné, pour avoir utilisé son influence dans la mairie de Paris afin d’obtenir pour lui et son fils des appartements à des prix très avantageux. En 2004, il est condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Deux condamnations qui dans le système politique français ne constituent certainement pas une entrave pour devenir Président de la République, mais ressemblent plutôt à un passage obligé pour accéder à cette caste de politiciens qui ne servent que leurs propres intérêts. La candidature de Copé est une raison de plus, s’il en fallait encore, pour renforcer notre détermination à renverser ce système pourri jusqu’à la moelle.