Crédits photo : AFP

L’immigration serait une spécificité du système scolaire français qui le rendrait incomparable par rapport aux autres systèmes éducatifs. Voilà comment faire semblant de démontrer une pseudo-vérité en partant de présupposés faux. Une erreur de logique et de politique que le mathématicien d’En Marche ! Cédric Villani assume puisque, selon lui, les résultats alarmant des études Pisa ne sont pas un révélateur fiable des inégalités structurelles du système éducatif français.

Selon lui, « on ne peut pas comparer directement les résultats du système éducatif français aux systèmes étrangers. Le système français est l’un de ceux dans lesquels il y a le plus de complexité parce que la France est une terre d’immigration ». Immédiatement, cette immigration est stigmatisée en termes de « difficultés » et de « questions d’assimilation qui se posent et sont à régler en France ». Que des difficultés existent des les établissements, rien n’est moins vrai. Mais en rendre responsable l’immigration, c’est avoir la vue courte.

Depuis son poste de président de l’Institut Henri Poincaré, Cédric Vallani ne mesure sûrement pas que l’élitisme à la française repose sur une inégalité profonde entre les établissements et les parcours scolaires. Comme le souligne Eric Charbonnier de l’OCDE, « le problème, c’est la gestion des élèves en difficulté » car « on n’a pas mis en place une politique volontariste pour réduire les inégalités ». Quant au responsable français de l’étude Pisa, il récuse la mise en cause de l’immigration et rappelle que les inégalités sont belles et bien structurelles en France.

Les inégalités scolaires en France ne sont donc pas le fait de l’immigration mais de la relégation des populations immigrées dans les banlieues et du manque de moyen dans les écoles où les effectifs sont surchargés et les conditions d’enseignement de plus en plus défavorables. Et on ne parle même pas du favoritisme pour les élèves issus des filières et établissements les plus prestigieux.

Mais face à cette situation bien réelle, la seule alternative qui s’ouvre pour le nouveau député de LREM c’est d’accentuer l’autonomie des établissements afin d’accompagner la sélection des élèves dès le bac et à l’université. Ainsi, dans l’esprit de Cédric Villani, l’immigration permet-elle de masquer les inégalités profondes du système scolaire français alors que ce sont ces dernières qui expliquent que les populations immigrées soient les moins favorisées. CQFD.