Dans cette société, les plus précaires sont bien souvent des femmes. Comme si la misère et les inégalités de salaire ne suffisaient pas, s’y ajoutent bien souvent les violences conjugales et l’isolement. A l’image de Marie-France, retraitée qui travaillait pour son mari. Celui-ci la battait, alors elle est partie. Depuis, sa pension ne lui rapporte que 700€ par mois, insuffisant pour survivre. Alors elle raconte qu’elle a même pensé au pire, avant que le mouvement des Gilets jaunes ne montre qu’ensemble, on peut tout changer.

Lise, handicapée à 79% depuis un accident de voiture, ne touche pas d’allocation handicap. Aujourd’hui elle vit seulement du RSA... Un quotidien qui contraste avec celui d’Emmanuel Macron, qui fêtait son anniversaire dans ce château des rois de France le 15 décembre 2017. Fraîchement élu, alors qu’il pouvait encore se permettre de se pavaner en France tel un monarque dans son royaume, ses services déclaraient au sujet du prix de location de la salle qui s’élevait à plus de 600€ la soirée, que « n’importe quel contribuable pouvait se le payer ». Preuve du mépris et de la déconnexion de celui qui se prétendait « Jupiter » à l’égard de la majorité des travailleurs et précaires du pays pour qui cette somme représente un mois de loyer au bas mot.

Aujourd’hui, c’est donc une revanche pour tous les exploités et opprimés qui font trembler le gouvernement avec leurs Gilets Jaunes. Une revanche pour toutes ces femmes précaires, ces mères célibataires isolées qui peinent à boucler leurs fins de mois, ces ouvrières, intérimaires, qui se tuent à la tâche pour un salaire de misère, à la merci des patrons qui profitent de leur précarité pour les exploiter toujours plus.

Ainsi la mobilisation des Gilets Jaunes a permis de réveiller la conscience que par l’action collective, transformer la société devient possible. Les discussions se sont donc également orientées sur la question de la structuration du mouvement. Ainsi Priscilla Ludoscky, qui a préféré aller à Chambord pour cet acte XV, a déclaré à l’AFP : « cela avance aux assemblées citoyennes. La non-organisation du mouvement en fait sa force et sa faiblesse. On est forcément tous d’accord, avec une organisation plus stricte, on aurait été plus vite ».

Serge, 73 ans, retraité de l’aviation revendique « qu’on fait de la politique avec ce mouvement ». Lui qui a « défilé 45 avec la CGT », estime maintenant que la centrale syndicale est « trop rigide ». Une référence à l’absence de positionnement claire de la Confédération Générale du Travail, qui n’a toujours pas appelé nationalement à rejoindre le mouvement des Gilets Jaunes, les ronds-points et les manifestations le samedi. Pas plus qu’à proposer un vrai plan de bataille pour les travailleurs, au-delà des journées de grève isolées.

Et cela alors que le blocage de l’économie par la grève générale permettrait d’en finir une bonne fois pour toute avec Macron, et de mettre en perspective la réappropriation et le partage des richesses, le partage du temps de travail et la prise en charge des tâches domestiques par l’Etat, ou encore la réquisition des logements vides afin que chacun puisse avoir accès à un logement digne. Tandis que l’Acte XV montre qu’au bout de plus de trois mois, la colère n’est pas prête de s’apaiser, et que les travailleurs, chômeurs, et précaires en Gilets Jaunes sont toujours aussi déterminés à se battre.