Jeudi 27 avril, dans le cadre de l’opération Wuambushu à Mayotte, la police a tiré sur des jeunes à Doujani : un jeune de 17 ans a reçu une balle dans le mollet d’après des révélations de Mediapart. Le lendemain, selon son témoignage, la BAC est venue chez lui et l’a mis en garde-à-vue pendant près de deux jours, avant de le placer sous contrôle judiciaire. Il serait poursuivi pour « participation à un attroupement armé ».

L’incident s’est déroulé autour de 22h, suite à des affrontements entre les policiers et des jeunes du quartier. Le blessé, Kaïl (prénom modifié), affirme à Mediapart qu’il n’a pas pris part à l’affrontement et s’est éloigné après que la police ait lancé du gaz lacrymogène. Trente minutes plus tard, il entend des cris, tente de s’approcher, et reçoit une balle dans le mollet. Alors qu’il se rend à l’hôpital, le jeune comorien panique et rentre chez lui avant d’être soigné : « J’ai eu peur d’avoir des problèmes, même si je savais que je n’avais pas participé aux affrontements avec la police. » 

Le lendemain, alors qu’il retourne à l’hôpital, la BAC vient le chercher et l’emmène au commissariat de Mamoudzou, où il passe près de deux jours en garde-à-vue. Interrogé par la police, il ré-affirme qu’il n’a pas participé aux affrontements de jeudi. « Ils ne m’ont pas cru. Ils m’ont menacé, m’ont dit qu’ils s’en prendraient à mes parents pour les faire expulser aux Comores. J’ai eu très peur pour eux. » a confié Kaïl à Mediapart.

1 800 policiers et gendarmes ont été déployés récemment à Mayotte depuis la métropole dans le cadre de l’opération d’expulsion massive Wuambushu, dont la CRS8, le RAID, et le GIGN. Cette opération militaro-policière rappelle le caractère colonial de la présence française à Mayotte et toute la brutalité de la politique migratoire xénophobe du gouvernement.

D’autres jeunes interrogés par Mediapart ont également témoigné de tabassages et d’insultes racistes de la part des policiers. « Une fois, il [un policier] m’a montré une balle réelle et m’a dit : “Tu vois ça, moi je vais te tirer dessus avec ça, j’utilise pas le flashball.” » témoigne l’un d’eux. « Ils nous traitent de “sale Anjouanais” ou de “sale négro”. Ils nous disent que la loi, c’est eux. » 

Lire aussi : Non à l’opération militaro-policière à Mayotte ! Déclaration de Révolution Permanente

Cependant, les violences de la police à Mayotte ne datent pas de cette opération. Justifié par la violence des jeunes sans-papiers d’une part, et par le « flux migratoire » de l’autre, le régime dérogatoire à Mayotte permet à la police de procéder à des contrôles d’identité généralisés sur tout le territoire.

En novembre 2022, la Cimade dénonçait une « omniprésence de la police aux abords des écoles, des centres de soins, des locaux associatifs ou de tout autre lieu de service public », nourrissant ainsi une intimidation et un climat de peur global au sein de la population.

Alors que la police a brutalement réprimé les manifestations du 1er mai dans l’hexagone, avec 540 interpellations et plusieurs scènes de violence policières, il est nécessaire que toutes les organisations syndicales et politiques dénoncent clairement la répression de l’État français dans l’hexagone comme à Mayotte et exigent la fin de l’opération coloniale Wuambushu.