Christophe Caresche et Gilles Savary, députés PS de l’aile droite du parti, ont probablement la démocratie représentative chevillée au corps, mais uniquement quand elle va dans le sens de leurs intérêts. Suite à la défaite de Valls, leur candidat à la primaire, et après la victoire de Hamon qu’ils qualifient eux-mêmes d’« incontestable » et de « légitime », ils s’empressent de trouver des excuses toutes plus révélatrices les unes que les autres pour afficher leur ralliement à Macron, le candidat ultra-libéral et ancien ministre sous Hollande. Comme l’assure Jean-Marie Le Guen, soutien de Valls, « On peut être socialiste et appeler à voter Macron ». On voit là qu’une partie importante du PS reste sourde à la claque qu’elle a reçu lors de la primaire à gauche et cherche à se relocaliser pour poursuivre sa politique toujours plus pro-patronale.

Les tensions et contradictions qui agitent le PS depuis des mois, voire des années, prennent un tour nouveau et se révèlent enfin au grand jour. Après l’arrivée de Valls au poste de premier ministre, le tournant répressif qui s’est instauré avec l’état d’urgence, la déchéance de nationalité et le mouvement contre la loi travail, une partie de sa base électorale a rompu avec le PS. Le résultat de la primaire le montre amplement puisqu’un sérieux désaveux de la politique du 49.3 s’y est fait sentir. Il apparaît difficile en effet aujourd’hui de concilier entre un programme politique qui entend chasser sur les terres du réformisme de Mélenchon et de la France Insoumise pour Hamon et une partie des députés qui se rallient à la ligne ultra-libérale de Macron. L’un des piliers de la Vème République qu’est le PS, risque bien d’y perdre quelques plumes.

Les députés Réformateurs du PS, devançant la droite dans sa volonté de peut-être remplacer Fillon après les révélations sur l’emploi fictif de sa femme, ont déjà trouvé un candidat de substitution dans un magnifique tour de déni de démocratie. Si le ralliement n’est pas encore officiel et que Macron ne peut pas être assuré du soutien d’une partie du PS, la rupture au sein du parti avec Hamon est, quant à elle, parfaitement consommée. Les propos de Christophe Caresche sont, à ce sujet, limpides : « On peut se demander si on n’est pas arrivé au bout du chemin. C’est-à-dire que la synthèse qui avait été celle du PS, [...] durant cette mandature [...] a explosé d’un certain point de vue ». En invoquant la disposition L4132-5 du code du travail, les députés, auteurs de la tribune de ce mardi, entendent mettre en pratique leur « droit de retrait » pour parer au « danger grave et imminent » que représente la candidature de Hamon selon eux. En effet, cette candidature est grave pour ceux qui défendent avec acharnement un mandat présidentiel « socialiste » qui brille par son escalade réactionnaire et anti-sociale. Hollande a aujourd’hui également tranché le débat pour ne le rendre que plus aigu : il soutient Hamon et non pas Valls. On voit donc que le bilan du PS est difficile à assumer pour le parti lui-même et que la polarisation à l’œuvre risque de le faire imploser.