L’Union européenne savait cela. Mais elle a fermé une nouvelle fois les yeux en signant l’accord avec la Turquie, qui prévoit le renvoi de réfugiés « illégaux » syriens en Turquie, en échange de l’accueil en Europe du même nombre de demandeurs d’asile enregistrés en Turquie. Mais rien d’étonnant, tant la gestion des réfugiés syriens par l’UE est inhumaine depuis le début du conflit en Syrie. Ce sont donc des centaines de Syriens par jour, femmes, hommes et enfants, qui après avoir fui l’horreur de la guerre, passé les frontières ultra-sécurisées des pays occidentaux, subi la répression des différents gouvernements, sont renvoyés dans leur pays d’origine pour y retrouver la même guerre.

De son côté, l’Europe forteresse continue de se barricader : elle a fermé la route des Balkans, renforcé ses contrôles aux frontières, érigé des murs afin d’empêcher tout passage de migrants illégalement au sein de ses frontières. Les différents gouvernements européens s’emploient à réprimer durement les réfugiés finalement arrivés chez eux, en les harcelant continuellement, comme en Hongrie ou en France. Fermant les yeux devant la misère humaine, elle participe même activement à son renforcement. Cette Europe forteresse, finalement, confit les clés de sa frontière extérieure à Erdogan, qui n’a lui non plus, de son côté, jamais eu pour habitude de traiter avec humanité les réfugiés. Les frontières mêmes de la Syrie sont de plus en plus renforcées, et les migrants, en plus d’être renvoyés chez eux, sont également de plus en plus condamnés à ne pas pouvoir quitter la Syrie.

De l’Europe à la Turquie… puis de nouveau la Syrie.

Plusieurs centaines de réfugiés seront, par un convoi prochain, renvoyés de Grèce en Turquie, et très certainement renvoyés ensuite en Syrie, après la mise en place de cet accord, qui sera effectif dès lundi prochain. En échange, l’Europe s’engage à accueillir des demandeurs d’asile syriens enregistrés en Turquie, rentrant ainsi une nouvelle fois dans une logique morbide de marchandisation des êtres humains. Les conditions de vie sont terribles et inhumaines pour ces populations, qui après avoir vécu l’horreur de la guerre, la fuite et les expulsions successives, subissent les reconduites aux frontières, les coups de matraques et gaz lacrymogènes des forces de répression des différents gouvernements européens, ainsi que le mépris total des gouvernements, et des groupuscules d’extrême droite.