Couvert·es de tissus blancs qui symbolisent des sacs mortuaires, des dizaines d’étudiant·es de l’IEP Sciences Po Paris ont simulé la mort le lundi 13, allongé·es dans les couloirs du campus Saint-Thomas. L’objectif du « die-in » est d’imposer aux passant·es de voir la mort, plus précisément les civil·es palestiniens tué·es par les frappes israéliennes. Le message est clair : « nous ne pouvons pas ignorer les mort·es palestinien·nes ».

La journée de lundi était organisée par le comité de soutien à la Palestine de Sciences Po, auquel participent les associations Students for Justice in Palestine, Attac, Solidaires étudiant-e-s, Révolution et le collectif féministe les Garces. Elle a aussi été l’occasion d’un rassemblement avec prises de paroles, qui a rassemblé des dizaines de personnes dans l’IEP brandissant le drapeau palestinien, symbole de la lutte de libération des peuples arabes. Ce rassemblement est l’occasion de rappeler le caractère éminemment politique des universités, et où les étudiant·es et membres du personnel doivent organiser leurs luttes.
 
Les derniers jours à Sciences Po Paris ont été rythmés de démonstrations en soutien au peuple palestinien. Le vendredi 10, des étudiants avaient déambulé sur le campus avec la bouche couverte de scotch, symbolisant le fait que le peuple palestinien n’ait pas de voix. Ces démonstrations ont pour but de visibiliser la situation à Gaza, où Israël a déjà fait plus de 10 000 morts, dont 4 000 enfants. 

Lors de son intervention ce mardi, Attac est revenu sur les responsabilités politiques des étudiant·es, « dans une école de sciences humaines, sciences de l’émancipation, nous ne pouvons rester silencieux·euses », face à une situation que le syndicat étudiant Solidaires décrit comme « un nettoyage ethnique visant à poursuivre l’expulsion et le massacre des 7 millions de Palestinien·nes qui vivent encore en Palestine », dénonçant au passage que « nul conflit dans le monde n’a suscité une telle répression en France ». Pour les militant·es d’Attac, le mot central est que « ce n’est pas une guerre de religion, c’est un conflit de décolonisation, et nous serons toujours du côté des opprimés contre les oppresseurs ».

Incarnant à Sciences Po une lutte féministe propalestinienne, le collectif Garces est également intervenu en défendant que la libération palestinienne est une cause féministe. « En tant que féministes, nous annonçons que nous ne sommes pas dupes du pinkwashing d’Israël », ont-elles affirmé, soulignant leur « soutien total à Mariam Abu Daqqa », militante féministe palestinienne arrêtée violemment chez elle->https://www.revolutionpermanente.fr/Mariam-Abu-Daqqa-violemment-arretee-par-4-policiers-cette-nuit-l-Etat-s-acharne-faisons-front] et expulsée par les autorités.

Pour les militantes, « le soutien actif de chaque mouvement de libération est primordial au féminisme, qui est inscrit dans un héritage anti-impérialiste et anti-raciste, et c’est pour cela que nous devons lutter contre l’islamophobie et l’antisémitisme », car « se battre contre le patriarcat c’est se battre contre toutes les formes d’oppression, y compris la domination coloniale ».

A l’instar de Sciences Po, la mobilisation dans les universités doit libérer la voix du soutien à la Palestine, en dépit des tentatives de répression du gouvernement et des présidences de fac qui s’en font le relai. L’ampleur des manifestations dans le monde entier et les réussites des premiers comités de soutien montre le potentiel d’un mouvement de solidarité internationale.