Cette colère s’est exprimée de multiples façons. La crise du bipartisme traditionnel, la disparition du PS et la dérouillée de la droite traditionnelle combinée à la consolidation inquiétante du vote FN a conduit à l’élection de Macron. D’autre part, le score de la France Insoumise, le score le plus élevé pour une formation à la gauche de la social-démocratie depuis 1969, a reflété la situation de rupture consommée entre le « peuple de gauche » et ses référents traditionnels, tout comme la radicalisation de secteurs consistant des classes populaires, de la jeunesse et du mouvement ouvrier à la suite du printemps contre la Loi El Khomri, et ce indépendamment du programme néo-réformiste et chauvin de Jean-Luc Mélenchon. Par ailleurs, au-delà des résultats de l’extrême gauche, il y a également eu la campagne de Philippe Poutou qui a agi en révélateur non seulement de sympathies mais également d’éléments de conscience que pour combattre la droite et le FN, pour affronter les contre-réformes néo-libérales de gauche comme de droite, il nous faudra nous organiser, dans les entreprises, sur les lieux de travail et d’études, dans les quartiers, par la grève et dans la rue, mais également disposer d’un instrument pour ce faire. C’est tout le sens qu’a pris la dynamique de sa candidature ouvrière et anticapitaliste de Philippe dans laquelle s’inscrit RévolutionPermanente.fr.

Dans ces législatives, on voudrait nous faire croire que la seule option pour contrer le macronisme et ses différents scénarios de majorité propre ou composite, c’est de voter « à gauche ». A la France Insoumise, néanmoins, on a déjà fait une croix, en réalité, sur la possibilité de traduire, au niveau des législatives, le score du premier tour des présidentielles. On mise avant tout sur l’élection de certains ténors du mouvement, à commencer par Mélenchon, à Marseille, ou Coquerel et Corbières, dans le 93. Mais le message que les salarié-e-s, que la jeunesse, que les équipes militantes doivent envoyer, dès le premier tour, c’est un message de combativité : que l’on ne se laissera pas faire, que nous exigeons des directions syndicales qu’elles rompent tout dialogue avec le gouvernement et qu’elles s’engagent résolument sur la voie de la construction du rapport de force, et pas à travers des journées d’action éclatées, sur le calendrier, et sur le territoire.

Pour cela, la seule option est de voter, au premier tour, pour les candidat-e-s qui portent cette exigence. A la suite des présidentielles, le NPA a proposé à Lutte Ouvrière des listes communes, ce que LO a balayé d’un revers de la main, alléguant que la proposition arrivait trop tard. Cela a été fonctionnel à la répartition des rôles qui structure depuis trop d’années le paysage de l’extrême gauche trotskyste hexagonal, là où nous aurions besoin d’une extrême gauche refondée, audacieuse, radicale et subversive, à l’image de ce qui a fait les lignes de force de la campagne Poutou.

En dépit de cette situation de division et même si les scores seront modestes, dimanche, plus les travailleur-euse-s et les jeunes conscient-e-s voteront pour l’extrême gauche, plus cela sera un signal clair envoyé pour construire, ensemble, sur la base des structures existantes, en interpellant nos directions syndicales, la riposte face aux attaques macronistes de l’été, et au-delà. Voilà pourquoi le 11 juin, nous invitons à voter pour les listes du NPA, présent sur une trentaine de circonscriptions, et, partout ailleurs, pour les listes de Lutte Ouvrière ou les listes de Combat Ouvrier, dans les territoires coloniaux de Martinique et de Guadeloupe.