Manon Véret

Le parallèle avec l’affaire Théo est flagrant : Alexandre a été interpellé à Drancy le 29 octobre 2015 au soir. Lorsque le policier le fait monter dans la voiture, il lui donne un coup de matraque télescopique dans l’anus. Après s’être plaint de douleurs dans l’anus pendant sa garde à vue, un médecin confirme qu’il a bien une « plaie ouverte profonde de 1,5 cm » et lui prescrit dix jours d’ITT. Par ailleurs, l’ADN d’Alexandre a été retrouvé sur la matraque du policier en question.

Et comme pour Théo, le policier agresseur d’Alexandre n’a pas été inculpé pour viol. Loin de là, puisque l’enquête menée l’a envoyé au tribunal pour simple « violence aggravée ». Le policier explique alors que sa matraque a « dérapé » lorsqu’il essayait de « maîtriser » le jeune homme. Le procès a eu lieu plus d’un an après, le 16 janvier dernier, durant lequel le magistrat a jugé que le geste avait une « connotation sexuelle » mais ne revêtait pas pour autant un « caractère sexuel ». En bref, encore un « accident ». Le procureur a alors écarté la requalification en viol demandée par les avocats d’Alexandre, et a requis six mois de prison avec sursis et une interdiction professionnelle d’un an pour le policier.

Ce lundi 20 janvier, le tribunal de Bobigny a finalement demandé que le policier soit jugé devant les assises pour viol. La présidente de la 14e chambre a en effet jugé qu’au vu des certificats médicaux, « les faits sont de nature à entraîner une requalification criminelle  ». Mais le jour suivant, le parquet s’y est opposé et a fait appel à la demande du tribunal. La suite de l’aventure juridique se retrouve entre les mains de la cour d’appel de Paris.

Si les mobilisations pour Théo ont fait pression sur la justice pour qu’elle qualifie les faits de viols, le cas d’Alexandre a beaucoup plus traîné en longueur car isolé. Et ce n’est qu’en cette période de mobilisation pour Théo que l’affaire a refait surface. Malgré la demande du tribunal de Bobigny, ce n’est pas aussi simple pour qu’une victime ait enfin justice, pour qu’un policier soit vraiment inculpé à la hauteur de son acte : les rouages du système juridique sont bien huilés… pour acquitter la police.