Le second round, qui débute avec l’ouverture de la discussion parlementaire de la loi travail, le 3 mai, pourrait s’annoncer assez relevé. C’est la raison pour laquelle, d’ici là, l’enjeu est de continuer à s’échauffer et à se préparer pour une série de coups suivis. En effet, si on s’est bien battus jusqu’à présent, on nous a empêché de poursuivre jusqu’au bout : avec une journée de grève interpro toutes les trois semaines, on est en droit de se demander pour qui roulent les directions des syndicats dits combatifs.Et pourtant, tout le public est avec le boxeur. Près de 75% des Français sont contre cette loi, 60% disent soutenir le mouvement Nuit Debout qui exprime, à sa façon, la volonté d’aller au-delà des journées en saute-mouton et de poursuivre dans la durée. Et c’est bel et bien ce qu’il nous faut.

Le 9 avril, les manifestations ont, localement, marqué le pas, sans pour autant que l’état d’esprit soit au reflux, loin de là. Mais encore une fois, si la mobilisation s’est tassée, c’est la faute, pour partie, d’une stratégie zigzagante de journée de grèves segmentées voulues par l’Intersyndicale et, cette fois-ci, d’un débrayage le… samedi. C’est la raison pour laquelle le 28 doit être préparé, en haussant la garde, mais pour mieux en découdre.

Il faut une défense active, d’un côté, car la répression va continuer à aller crescendo, alors que le gouvernement va tout faire pour diviser les organisations et le mouvement. Dans ce cadre, la question de l’auto-protection des manifs joue un rôle décisif pour être en capacité à résister aux charges de la police qui cassent en deux le cortège, comme à Rennes, samedi, ou l’empêche d’arriver à son terme, comme à Paris, Place de la Nation.

Par ailleurs, pour faire entendre notre voix et imposer que nos organisations adoptent un véritable plan de bataille qui ne s’arrête pas à une journée, le 28, et que les plus déterminés s’essoufflent, isolés, au cours du mois de mai, il faut multiplier les organismes qui sont à même de représenter la base : AG, coordination et Interpro, partout où cela est possible. Syndiqué-e-s et non-syndiqué-e-s, délégué-e-s de base, militant-e-s, jeunes et travailleur-euse-s du rang c’est tou-te-s ensemble qu’il nous faut nous structurer. C’est le meilleur moyen pour faire entendre le mandat de la rue, pour imposer le retrait de la loi El Khomri, l’arrêt de toutes les poursuites contre les manifestants arrêtés jusqu’à présent, ainsi que le recul du gouvernement.

Hollande est dans les cordes. Il faut le pousser hors du ring. Cela implique de sortir des règles du jeu ? Si les règles du jeu c’est des manifs à répétition sans perspective, alors oui ! Eux-mêmes, en nous matraquant, y renoncent, aux règles. Laisser à Hollande et à Valls la possibilité de rester agripper à leur loi jusqu’à l’Euro 2016, alors que nous sommes en capacité de leur faire ravaler la réforme, serait la pire des trahisons de ceux qui disent défendre les intérêts du monde du travail et de la jeunesse et laissent ouvertes mille portes de sorties, d’un côté pour mieux négocier, de l’autre pour laisser le mouvement s’essouffler. Le calendrier des vacances scolaires doit être un moment pour resserrer les liens entre jeunes et travailleurs et continuer à s’échauffer. On en aura bien besoin au mois de mai.