G. est en effet sous le coup d’une assignation à résidence depuis le 19 novembre, avec obligation de pointer quatre fois par jour au commissariat. Le hic, c’est que le commissariat où il doit se présenter se situe... dans le 18ème arrondissement de Paris, soit à 45 minutes de chez lui. Quatre allers-retours par jour, à raison de 45 minutes par trajet : 6h de déplacement par jour. Le 8 décembre, G. s’est vu notifier une modification de son traitement, pour le mettre en conformité avec la loi du 20 novembre qui prévoit 3 pointages par jour maximum. Ce qui revient malgré tout à lui faire subir 4h30 de déplacement chaque jour.

G. a déposé un référé-liberté contre son assignation à résidence ; le jugement était prévu pour mardi 8 décembre. La suite ressemble à un problème de maths de primaire. L’audience était prévue pour 11h30, au tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Sachant qu’il faut plus d’une heure de transports en commun pour aller du tribunal de Cergy au commissariat du 18ème, et que l’audience s’est finalement terminée à 13h15, G. a-t-il pu pointer à 14h ?

Manifestement, le niveau de difficulté de ce problème mathématique pourtant simple s’est révélé trop élevé pour les policiers du 18ème arrondissement. Malgré la présence et les explications de l’avocat de G., qui l’a accompagné en voiture afin d’essayer d’arriver à l’heure, G. a été placé en garde à vue à son arrivée. A 21h, il y était encore, pour « vérifications ».

Du non-voyant arrêté pour s’être rasé la barbe, au passager évacué d’un train parce qu’il regardait un film d’action tout en portant des gants, en passant par les 317 gardes-à-vue du 29 novembre, par la fillette blessée par balle lors d’une perquisition et par les habitants de Saint Denis menacés d’expulsion parce qu’ils habitaient dans l’immeuble où a eu lieu l’assaut du 18 novembre, on ne compte plus les récits de l’arbitraire policier du quotidien que nous sommes en train de vivre. Loin d’être des anecdotes, tous ces récits doivent nous alerter sur le degré de pourrissement de nos libertés, et la menace que constituent le gouvernement et les forces de l’ordre pour notre sécurité.

A l’heure où le gouvernement organise un grand concert de remerciements pour les personnels et les bénévoles mobilisés le soir des attentats, à quand une grande fête pour tou.te.s les arrêté.e.s arbitrairement ? Une fête en forme de mobilisation générale contre l’état d’urgence et les mesures liberticides. Une fête en forme de mouvement offensif des travailleurs et des travailleuses, des jeunes et des classes populaires, contre ce gouvernement qui manipule l’émotion pour intensifier les attaques contre nos droits démocratiques.