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Réfugiés

« Fermeté » contre l’immigration : Darmanin à Rome pour soutenir le gouvernement d’extrême-droite

Darmanin s'est rendu à Rome ce lundi pour rencontrer son homologue du gouvernement d'extrême-droite. En amont, il a détaillé son plan de soutien à l’Italie contre l’immigration : faciliter les expulsions et renforcer Frontex, quitte à laisser des milliers de réfugiés se noyer en Méditerranée.

Léo Stella

18 septembre 2023

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« Fermeté » contre l'immigration : Darmanin à Rome pour soutenir le gouvernement d'extrême-droite

« 60% d’entre eux n’ont rien à faire en Europe » : invité sur Cnews ce lundi matin , Gérald Darmanin a réaffirmé la ligne xénophobe du gouvernement sur la question migratoire, une semaine après l’arrivée de 11 000 réfugiés à Lampedusa. Triage des réfugiés aux portes de l’Europe, simplification et accélération des expulsions, renforcement de Frontex et externalisation du contrôle des frontières : de l’aveu même du ministre, l’axe central de ce programme est « plus de fermeté ».

Une interview qui a été l’occasion d’afficher la ligne politique de sa visite organisée hier en fin d’après-midi en Italie. Sur CNews, Darmanin a affirmé en ce sens son plein soutien à l’Italie, assurant au gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni que la France allait tout faire à l’échelle européenne pour renforcer la coopération anti-migratoire, insistant sur la volonté française « d’aider l’Italie en protégeant d’avantage nos frontières, c’est à dire déployer davantage Frontex en Méditerranée […] pour empêcher les personnes de traverser pour aller à Lampedusa […] ainsi que travailler beaucoup plus avec la Tunisie ».

Le programme de Darmanin est donc clair : renforcer la police européenne qu’est Frontex bien connu pour ses méthodes meurtrières tout en continuer d’externaliser la gestion des frontières européennes à des pays tiers. Une politique justifiée par la nécessité de lutter contre l’immigration irrégulière et une logique assumée de tri des migrants. A propos des milliers de personnes arrivées à Lampedusa, Darmanin a évoqué la perspective d’accueillir « ceux qui doivent l’être, les persécutés », comme par exemple les victimes de la guerre en Afghanistan, tout en « renvoyant chez eux ceux qui n’ont rien à faire en Europe ». Ces indésirables représentent, selon le ministre, 60% des 11 000 migrants arrivés à Lampedusa.

Ces propositions de Darmanin ne sont en réalité qu’une déclinaison de l’orientation décidée par le conseil européen début juin quant à la réforme du système de l’immigration au sein de l’Union Européenne. Au programme de cette nouvelle orientation : renforcement de Frontex et des garde-côtes ou border forces nationaux, appui au renforcement sécuritaire des gouvernements de Meloni et Mitsotakis, externalisation des frontières et mise en place d’un nouveau système d’étude des demandes d’asile (beaucoup plus expéditif) qui se fera dans des camps de misère aux pieds des frontières de l’UE.

Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui s’est rendue elle aussi en Italie hier matin a proposé à Giorgia Meloni un plan en dix points qui a pour but de renforcer les frontières le plus rapidement possible. Dix points qui reprennent globalement les propositions de Darmanin et les éléments d’orientation décidés en conseil européen.

Alors que les scènes filmées et les témoignages de Lampedusa démontrent les atrocités que subissent les réfugiés, la réponse de l’UE est de sécuriser les accès à ses frontières et d’accélérer les expulsions. Une « solidarité européenne » dans laquelle la macronie marche main dans la main avec des gouvernements d’extrême-droite comme celui de Meloni.

Mais cette politique ne s’arrête pas aux pays de l’Union européenne : en Tunisie, le gouvernement multiplie les raids contre les migrants, dans des opérations militaires utilisant blindés et hélicoptères. En plus de rejeter les migrants, l’Europe exporte donc sa violence raciste dans les pays limitrophes, Tunisie et Turquie en tête.

Alors que la crise climatique ne fait que s’accentuer et que la guerre en Ukraine a bouleversé les blocs géopolitiques mondiaux, les flux de réfugiés sont loin de s’arrêter. Rien qu’en 2023, plus de 2000 personnes sont mortes ou portées disparues dans la Méditerranée. Face à cela, l’UE et les gouvernements nationaux lancent déjà leur offensive xénophobe et sécuritaire. Alors que Meloni prévoit déjà de renforcer les mesures sur l’immigration, en France, Darmanin a tenu à rappeler qu’il va renforcer la loi immigration ainsi que la présence aux frontières avec l’Italie. Face aux gouvernements qui font tout pour que les cadavres s’entassent au fond de la Méditerranée, le combat pour l’ouverture des frontières, l’accueil de tous les réfugiés et la régularisation de tous les sans papiers reste d’une actualité brûlante.


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