Depuis 2006, le groupe SETE (Société d’exploitation de la tour Eiffel) est chargé de veiller à la rénovation du bâtiment, les travaux de modernité, l’accueil et la sécurité des visiteurs, sans oublier l’image de l’édifice. Des missions qui reposent sur les 360 salariés du groupe, qui doivent être en capacité d’accueillir des millions de visiteurs chaque année. En 2022, on comptait ainsi près de 5 849 000 entrées. Une reprise de l’activité très forte après la crise du Covid, qui avait mis à mal l’économie du tourisme.

Avec l’arrivée de la SETE en 2006, la mairie de Paris est devenue l’actionnaire majoritaire du groupe, nous explique Denis Vavassori, technicien et élu à la CGT : « Lorsque la marie a vu que la Tour Eiffel connaissait une importante hausse du taux de fréquentation, elle a compris qu’il y avait de l’argent à gagner. ». Dix plus tard, la SETE réorganise son plan économique, avec en ligne de mire les Jeux olympiques, pour atteindre des objectifs « revus à la hausse » en diminuant la durée de travaux jugés « indispensables ». « On avait des travaux très lourds à réaliser, comme la dernière campagne de peinture, ou la rénovation de l’ascenseur nord de la Tour Eiffel. Normalement, cela devait prendre dix ans à faire, en 2016, on nous a demandé de la réaliser en 6, voire 5 ans », dénonce le syndicaliste.

La SETE vise aujourd’hui des objectifs totalement démesurés. C’est pour pointer du doigt cette situation et dénoncer ce problème que les salariés se sont mis en grève ce mercredi 27 décembre, à l’occasion du centenaire de la mort de Gustave Eiffel, forçant ainsi la fermeture de la Tour Eiffel.

Selon Denis Vavassori, « La crise du COVID, les problèmes d’ampleur liés à la rénovation posent de gros soucis financiers pour l’entreprise. Pour résoudre le problème, elle a pour objectif d’atteindre 7,4 millions de visiteurs pour augmenter ses recettes. Mais c’est un niveau de fréquentation jamais atteint ! ». Désormais, le technicien craint que chaque projet de rénovation ou d’entretien de la Tour Eiffel ne soit scrupuleusement scruté par la société et la mairie de Paris, et que certains de ses travaux soit annulés, alors qu’ils sont indispensables. « On va avoir un gros souci après les Jeux olympiques. La mairie prévoit d’augmenter ses redevances, passant de 8 à 40 millions d’euros. Cela va forcément avoir un impact sur le budget attribué au nettoyage, à la sécurité… Tout va être utilisé comme prétexte pour faire des économies pour pouvoir réaliser la demande de redevance. », explique ainsi le syndicaliste.

L’élu syndical mise sur la tenue des Jeux Olympiques pour faire pression sur la SETE et la mairie de Paris, afin de renégocier un accord qui prévoit « un modèle économique réaliste  ». À l’image des grévistes sans-papiers sur les chantiers des JO ou des mobilisations pressenties dans les transports publics, les travailleurs de la tour Eiffel voient ainsi les JO comme une opportunité pour faire entendre leur voix.