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Des papiers pour tous

Historique : 800 travailleurs sans-papiers mobilisés partout en Ile-de-France pour leur régularisation

A quelques semaines de l’étude de la loi immigration au Sénat, 800 travailleurs en île-de-France se sont mobilisés pour exiger leur régularisation. A la Chapelle, 150 sans-papiers ont cessé le travail et occupé toute la journée le chantier d’Arena à Porte de la Chapelle, tandis que 650 autres sans-papiers se sont lancés dans une grève reconductible sur 35 sites de différentes entreprises.

Raji Samuthiram

17 octobre 2023

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Historique : 800 travailleurs sans-papiers mobilisés partout en Ile-de-France pour leur régularisation

Crédit photo : Gilets noirs

Ce mardi, plus de 800 travailleurs sans-papiers se sont mobilisés pour exiger leur régularisation en île-de-France avec des occupations d’entreprises et des grèves. D’un côté, 150 travailleurs ont cessé le travail et occupé le chantier d’Arena pour les Jeux olympiques à Porte de la Chapelle. A la fin de la journée, ils ont obtenu une première victoire avec la délivrance de CERFA pour 81 d’entre eux. D’un autre côté, une grève de 650 intérimaires de différentes entreprises sur 35 sites a débuté une grève reconductible. Intérimaires dans le bâtiment, la logistique, les déchets, et le nettoyage, et la distribution, ils réclament une régularisation pour tous sans conditions de critères. Un mouvement de grève de sans-papiers d’une ampleur inédite depuis 2009.

« Pas de papiers, pas de JO ». Première victoire pour les travailleurs des chantiers olympiques

En effet, du matin jusqu’au soir, 150 travailleurs sans-papiers ont occupé le chantier du futur site olympique de l’Adidas Arena à La Chapelle pour exiger leur régularisation et le retrait de la future loi immigration. Dans un communiqué signé par plusieurs collectifs de sans-papiers, la marche des solidarités, et le syndicat CNT-SO, les travailleurs des chantiers des JO, dont certains avaient été licenciés, dénoncent l’exploitation et le tri raciste découlant des politiques d’immigration et de sous-traitance : « Nous dénonçons ce système dans son intégralité qui organise notre exploitation par un mille-feuilles qui permet aux grosses boîtes donneurs d’ordre sur le chantiers de se laver les mains tout en profitant allègrement de notre force de travail. » Ils interpellent et dénoncent non seulement les grosses entreprises—notamment Vinci, Bouygues, et Eiffage—mais également les sociétés sous-traitantes et le gouvernement qui organisent les Jeux olympiques et la politique d’immigration : le Comité international olympique, la ville de Paris, la région et l’État français.

Hier soir, suite à des négociations entre la mairie de Paris avec Bouygues et trois entreprises de sous-traitance, 81 travailleurs, dont ceux qui avaient été licencié récemment, ont obtenu des CERFA, document qui permet le dépôt d’un dossier auprès de la préfecture pour réaliser une demande de régularisation exceptionnelle au titre du travail. Demain, tous ont rendez-vous à la mairie de Paris pour le reste des dossiers. Ils appellent les soutiens à se rassembler pour les soutenir. Une première victoire importante pour les grévistes, que vous pouvez soutenir en donnant à la caisse de grève !

Plus largement, l’exploitation sur les chantiers des JO de Paris 2024 avait déjà fait du bruit, avec de nombreux témoignages révélant des conditions de travail exécrables : salaires incomplets, retards de paye, pénibilité, chantage exercé par les patrons… En juin, dix travailleurs sans-papiers ont ainsi assigné des géants du BTP devant le conseil de prud’hommes de Bobigny à ce sujet. Vinci, Eiffage, Spie Batignoles, GCC, et huit sociétés sous-traitantes étaient visées.

De plus, dans un contexte de crise politique où le gouvernement mise sur l’évènement des JO pour redorer son image à l’internationale, et après l’humiliation de la Ligue des Champions, tout en enchaînant les offensives anti-pauvres, à l’image des expulsions visant les sans-abris, les immigrés, et les étudiants, les grèves des travailleurs des JO ont de fait une importante portée politique.

Onet, Fedex, Carrefour… 650 intérimaires sans-papiers en grève reconductible pour une régularisation sans conditions

Le même jour, 650 travailleurs précaires sans-papiers dans différentes entreprises et sur 35 sites partout en île-de-France entamaient une grève reconductible, coordonnés par la CGT. Majoritairement intérimaires dans des boîtes comme ONET, Fedex, Carrefour, Franprix, et Véolia, ils réclament une régularisation pour tous sans conditions et dénoncent la surexploitation dans un communiqué : «  Nous faisons partie intégrante de la classe ouvrière de ce pays. Nous créons des richesses et du développement comme nos collègues… Nous refusons de continuer à être méprisés et ignorés.  » Ils dénoncent également l’arbitraire patronale qui régit les demandes de régularisation aujourd’hui. Une grève importante alors que le gouvernement renforce ses offensives racistes et xénophobes.

A Villepinte, des intérimaires de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle ont déjà obtenu une première victoire, en occupant les locaux de leur direction, avec la délivrance de 39 CERFA. « La lutte libère ! On vient juste de recevoir les CERFA, tout le monde est content. Tous les gens ici sont des travailleurs ! » témoignait un des grévistes après leur victoire éclair.

Une première démonstration encourageante pour le reste des 650 travailleurs en grève. De nombreux piquets sont organisés quotidiennement dans toutes l’Île-de-France, il est important d’aller les soutenir !

Une journée importante, dans une séquence d’offensive raciste et sécuritaire de la part du gouvernement

Alors que le projet de loi immigration de Gérald Darmanin, qui va être discuté le mois prochain au Sénat, prévoit notamment la création d’un nouveau titre de séjour dit « métiers en tension », mesure déguisée en volet progressiste qui constitue en réalité une violente attaque contre les travailleurs sans-papiers. Comme nous l’expliquions en détail, cette mesure viendrait contraindre encore plus les salariés des sans-papiers à combler les besoins du patronat dans des secteurs pénibles et peu payés comme le BTP, s’ils espèrent être régularisés.

Dans ce contexte, la gauche institutionnelle se tortille au sujet de la régularisation et qu’une partie de la NUPES cautionne le tri raciste des immigrés, les grévistes dénoncent l’arbitraire patronale et la régularisation par goutte. Comme le dénonce le communiqué des grévistes des chantiers des JO : «  Cette fois, la France nous tend un piège : nous proposer le “papier travail” qui n’est en réalité qu’un artifice au service des patrons pour qu’ils puissent nous exploiter légalement… La France nous dit : vous n’êtes pas des humains, vous n’êtes que de la main d’œuvre. Dans tous les secteurs les plus durs, tuez-vous au travail et dormez dans des foyers indignes et à tout moment nous pouvons vous mettre dehors, vous n’avez pas le droit d’être là sans patron. Nous refusons cette loi et ce faux papier. Nous voulons la régularisation pour tous et toutes, nous venons chercher notre dû.  » Des dénonciations fortes qui rappellent également les revendications des grévistes à Emmaüs, en lutte depuis plus de 100 jours à Saint-André-lez-Lille et aujourd’hui dans 2 autres sites.

Aujourd’hui, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin se sert du meurtre à Arras pour durcir son offensive xénophobe, son projet de loi devrait arriver au sénat le 6 novembre et à l’Assemblée nationale en décembre. Darmanin se montre «  disposé à soutenir la quasi-intégralité des propositions  » des sénateurs LR, selon un courrier obtenu par Le Figaro. Notamment, le ministre se dit prêt à durcir les conditions de régularisation pour son volet métiers en tension et à mettre en place une «  police du séjour  » pour mieux réprimer les étrangers. Récemment, Borne avait annoncé une mission sur l’aide médicale d’État, une menace claire contre l’accès aux soins pour les sans-papiers.

En plus de sa surenchère constante avec la droite, Darmanin cherche à profiter aujourd’hui de l’attaque effroyable à Arras pour présenter la loi immigration et le durcissement des frontières comme solution. Dans le contexte répressif actuel et face à la xénophobie d’État, il faut faire front en soutenant massivement les grévistes, en construisant un soutien d’ampleur nationale pour les travailleurs sans-papiers en lutte partout contre la sur-exploitation encouragée par les politiques d’immigration racistes. Contre la loi Darmanin et pour la régularisation sans conditions, force aux grévistes sans-papiers !


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