Eh oui, aujourd’hui la fédération CGT cheminot appelle à la grève pour les salaires, l’emploi et les conditions de travail. La fédération Sud-rail a, quant à elle, déposé un préavis de grève de deux mois entre le 25 juin et le 25 août, et plusieurs syndicats locaux appellent ensemble à la grève et à des manifestations. Perturbations du trafic le premier jour du Brevet des collèges, comme d’habitude les médias dominants agitent l’épouvantail avant même de parler des raisons de la grève. Mais pourquoi donc les cheminots font-ils grève ?
Gel des salaires en 2015
Alors que la direction a annoncé un gel des salaires en 2015, elle dépense des millions d’euros en campagne publicitaire, verse des dizaines de millions de dividendes à l’Etat, récupère 200 millions d’euros en 2015 par le Crédit Impôt Compétitivité Emploi, et comble du comble, elle provisionne 60 millions pour l’intéressement des salariés en 2016, en accord avec la CFDT et l’UNSA, au lieu de les affecter aux salaires. Bref, il n’y a pas de quoi geler les salaires, et plein de raisons pour les augmenter, dans un contexte où contrairement au mythe des privilégiés, beaucoup de cheminots touchent le SMIC, voire moins…Surpression de postes, dégradation des conditions de travail et de sécurité des transports
Concernant les emplois et les conditions de travail, ce sont près de 7 emplois par jours qui sont supprimés depuis 2007 selon la CGT. Et la direction ne compte pas s’arrêter là. Le dernier rapport d’expertise remis au CCE préconise 15000 suppressions de postes d’ici 2020. Si l’on ajoute le recours accru aux contrats précaires, les conséquences sur les conditions de travail sont inévitables, et se font d’ailleurs déjà ressentir : surcharge de travail, fatigue, augmentation de la pénibilité. On se demande pourquoi il n’y a pas plus d’accidents de train en France. La réponse se trouve plutôt dans le travail de qualité et la préoccupation de la sécurité des passagers du coté des cheminots, que dans les politiques catastrophiques de la direction. Et il y a de quoi s’inquiéter à propos des conditions de transport. Comme si l’exemple britannique n’avait pas suffit, le récent rapport du député PS Philipe Duron préconise la suppression de plusieurs lignes et surtout la privatisation des lignes Intercités à partir de 2019.Un an après la grève de l’été 2014 : une loi votée peut-elle être défaite ?
Déjà un an que la réforme ferroviaire a été votée malgré une forte mobilisation des cheminots durant dix jours. Depuis, la SNCF a été divisée en trois entreprises distinctes et les conséquences concrètes de cette loi générale commencent à se faire sentir. La mobilisation actuelle exprime aussi le mécontentement toujours présent chez les cheminots contre cette réforme. Trop tard, diraient certains, mais à l’instar du CPE en 2006, on sait en France que même une loi adoptée peut être abrogée si la mobilisation est à la hauteur.Convergence avec les hospitaliers en lutte ?
L’année dernière, les actions et manifestations communes avec les intermittents avait renforcé le rapport de force face au gouvernement. Aujourd’hui ce sont les agents hospitaliers qui sont en lutte contre le plan Hirsch de réorganisation du temps de travail. Grèves et manifestations sont prévues ce 25 juin à Paris pour les cheminots (dans le cadre de manifestation régionale interprofessionnelle appelée par la CGT) et les hospitaliers qui auraient tout intérêt à converger ensemble.Pour finir, trois bonnes raisons de soutenir les cheminots en attendant ton train :
1. Ils s’inquiètent de ton confort et de ta sécurité dans le train.{{}}2. Si leurs acquis et leurs conditions de travail reculent, alors ce sera au tour des tiens bientôt.
3. Il y a des chances pour que ton patron galère lui aussi sur le quai.
