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Antisémitisme

« Haine des juifs » et « haine des flics » : Darmanin instrumentalise (encore) l’antisémitisme

Ce mardi, Darmanin a profité de son passage au diner républicains annuel du conseil des communautés juives du Val-de-Marne pour tirer un trait d’égalité entre l’antisémitisme et la lutte contre les violences policières. Une instrumentalisation répugnante qui banalise l’antisémitisme afin de justifier une surenchère islamophobe et sécuritaire.

Benoit Barnett

18 octobre 2023

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« Haine des juifs » et « haine des flics » : Darmanin instrumentalise (encore) l'antisémitisme

Crédit photo : Capture d’écran, BFMTV

Pour Gérald Darmanin, aucune occasion ne manque pour mener son offensive idéologique et sécuritaire. Ce mardi, alors que les bombardements de Gaza par l’armée israelienne avait déjà tué plus de 3 000 gazaouïs, Darmanin a ressorti la disquette sécuritaire sur la lutte contre «  l’islamisme  » pour réaffirmer son soutien à la communauté juive. Avant de déclarer que « la haine des juifs et la haine des flics se rejoignent. Pas par conviction mais par calcul électoral ».

Un discours, prononcé lors du dîner républicain annuel du conseil des communautés juives du Val-de-Marne, était destiné aux organisations de gauche comme LFI qui refusent de soutenir inconditionnellement Israël, et qui dénoncent également les violences policières. L’occasion d’instrumentaliser l’anti-semitisme pour justifier encore la répression de toute critique d’Israël, et de toute contestation sociale plus largement.

Les juifs ne sont pas des flics. Une équivalence honteuse qui rappelle la collaboration pétainiste

La mise sur un pied d’égalité entre l’antisémitisme et toute critique de forces répressives de l’État est une injure à la population juive et à son histoire. Créée en 1941, la police nationale doit ses lettres de noblesse au Maréchal Pétain qui a, par décret, cherché à unifier les forces de répression françaises et à les rattacher au ministère de l’intérieur. En 1942, c’est René Bousquet, un antisémite et collabo notoire, est nommé secrétaire général de la police et participe à la négociation avec l’Allemagne nazie sur la déportation des populations vers les camps de concentration.

Le rappel qu’en fait Darmanin est d’autant plus honteux que ce sont des policiers français qui ont participé à la rafle du Vel d’Hiv, lors de laquelle plus de 13 000 personnes juives sont entassé pendant cinq jours au Vélodrome d’hiver avant d’être envoyé au camp d’extermination d’Auschwitz.

Aujourd’hui, alors que le gouvernement poursuit sa politique répressive depuis le début de l’année contre toute contestation sociale, les personnes juives qui se mobilisent contre l’agenda réactionnaire du gouvernement sont tout autant dans la visée de la répression d’État. C’est le cas pour de nombreux militants de l’Union Juive Française pour la Paix, arrêtés dans plusieurs villes y compris à Strasbourg et à Marseille lors de rassemblements en soutien au peuple Palestinien. Comme à son habitude, Darmanin ne cherche pas à soutenir la lutte contre les oppressions, mais plutôt de s’en servir comme argument pour mieux faire passer son agenda sécuritaire.

Darmanin instrumentalise l’antisémitisme pour mieux criminaliser les révoltes et le mouvement social

Au-delà de l’équivalence entre la « haine » de la police et l’oppression des juifs, Darmanin fait l’amalgame entre antisionisme et anti-sémitisme, afin de justifier le soutien inconditionnel de l’État impérialiste français pour Israël. Une définition de l’identité juive poussée par des lobby sionistes américains et le gouvernement israelien afin de pallier aux critiques d’Israël, et qui a été adoptée par de nombreux pays européens en 2016 et la France en 2019. Cette définition tend à justifier de nombreux renforcements sécuritaires sous prétexte de protection communautaire, qui rentrent en réalité dans l’agenda xénophobe et islamophobe du ministre. En effet, dans son discours mardi, Darmanin pointe surtout la nécessité d’appuyer la lutte contre « l’islamisme radical », lutte qu’il poursuit surtout avec une surenchère avec la droite sur les politiques d’immigration et la traque aux musulmans.

Alors que la population juive subit tout autant la répression et les offensives austéritaires du gouvernement, Darmanin tente donc d’instrumentaliser la lutte contre l’antisémitisme pour justifier la criminalisation de la gauche et de tout soutien au peuple palestinien. Comme le déclare le collectif juif décolonial Tsedek : « Nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette politique irresponsable qui, loin d’aller dans le sens d’un apaisement en France, s’attaque au droit démocratique de manifester en en faisant porter le chapeau aux juif·ves. Interdire que la colère et la solidarité s’expriment légalement et dans le cadre du mouvement de soutien à la lutte anticoloniale des palestinien·nes, c’est prendre le risque qu’elles s’expriment avec d’autant plus de confusions et de débordements. Ce sont les crimes israéliens, et non pas leur dénonciation, qui alimentent l’antisémitisme. »

Après les mobilisations contre la mort de Nahel et la campagne de répression du gouvernement contre tous ceux qui se sont révoltés contre les violences policières, la déclaration de Darmanin banalise la violence d’État antisémite historique, dans le but de poursuivre la répression contre tous les secteurs en lutte. Les organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social doivent défendre leurs droits à dénoncer le régime d’apartheid israélien et de défendre la lutte du peuple palestinien pour sa libération !


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