26 août 2014. Hocine Bouras, un jeune détenu de 23 ans, est tué d’une balle dans la tête par un gendarme lors de son transfert pénitentiaire entre la prison de l’Elsau de Strasbourg et le tribunal de grande instance de Colmar sur l’A35. Le jeune homme était alors en détention provisoire et devait être entendu dans l’affaire du double braquage d’un fast-food. Ce jeudi, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Colmar a confirmé le non-lieu.

Dans le huit-clos de la fourgonnette, le jeune homme, menotté, aurait tenté ce jour-là de s’emparer de l’arme de service de la gendarme assise à ses côtés. Le gendarme au volant a alors tiré sur Hocine Bouras, lui fichant une balle au niveau de la pommette. Depuis, le tireur accusé n’a cessé de plaider la « légitime défense ». Pourtant, la reconstitution de la scène qui a eu lieu en 2015 ne permettait pas d’établir qu’Hocine était en mesure de se saisir de l’arme.

La mort d’Hocine Bouras a été suivie pendant deux ans de la mobilisation de ses proches ainsi que de tout ceux qui n’ont pas douté un seul instant qu’il s’agissait bien d’un énième cas de « bavure policière ». Mais sitôt après avoir dégainé, la police invoque la « légitime défense » qui, entre les mains d’une justice à la botte d’un État répressif, est une excuse donnant tous les droits. Tués les mains menottés ou encore assassinés en pleine course de plusieurs balles dans le dos, les victimes tombent et les gendarmes sont acquittés, avec comme seul mot à la bouche la « légitime défense ».

« Sécuriser la légitime défense dans la loi » défendait le gouvernement en janvier 2016. Violences, attentats, état d’urgence, lutte antiterroriste ; pour faire face à la situation, il faut armer les gendarmes et les policiers, renforcer les effectifs, autoriser le port d’arme hors service et assouplir les conditions dans lesquelles le policier peut dégainer son arme et appuyer sur la gâchette. Somme toute, légitimer la légitime défense.

Ce non-lieu est une violence pour toutes les victimes des violences policières, leurs proches et tous ceux qui les soutiennent dans leur combat. C’est une violence qui alimente « le brasier qui crépite ». Il y a quelques mois, la colère contre la mort d’Adama Traoré, contre les permis de tuer, faisait descendre des centaines de personnes dans la rue.

« Pas de justice, pas de paix » entend-on clamer pour Adama, pour Hocine, par tous ceux qui se battent contre le racisme et la violence d’État qui mutile, assassine, aux quatre coins du monde.