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Antifascisme

Hongrie : 4 antifascistes menacés de jusqu’à 24 ans de prison ferme pour leur lutte contre des néo-nazis

Conditions de détention inhumaines, menaces de dizaines d'années de détentions...Retour sur la répression inédite des militant.e.s antifascistes en lutte contre la montée de l’extrême-droite.

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Hongrie : 4 antifascistes menacés de jusqu'à 24 ans de prison ferme pour leur lutte contre des néo-nazis

crédits photo : jura libertaire

Depuis 1997, des groupes néo-nazi venant de toute l’Europe se réunissent chaque année le 11 février à Budapest afin de célébrer la “Journée de l’Honneur”, commémorant l’affrontement entre les forces nazi et l’Armée Rouge en 1945. 2023 n’a pas dérogé à la règle, notamment avec l’organisation de concerts et du traditionnel défilé d’hommage, tolérés (si ce n’est soutenu) par le régime de Orban. En parallèle, un contre-rassemblement a été organisé par les militant.e.s antifascistes.

À partir du 9 février, plusieurs personnes présentes à Budapest sont agressées : il s’agit à la fois de néo-nazis et de militantes antifascistes. Cependant ces deux types d’agressions ne sont pas traitées de la même manière par le gouvernement, par la police ni par la presse. Les deux néo-nazis ayant été reconnus comme étant ceux ayant agressé et blessé deux militant.e.s antifascistes sont libérés après 48 heures de garde-à-vue. Un tout autre traitement est réservé aux militant.e.s antifascistes suspectés d’avoir commis des violences.

En effet, la police hongroise a effectué des premières arrestations de militant.e.s antifascistes dès le 11 février, avant de lancer une enquête le 15 février. Les moyens de recherche mis en place font preuve d’une répression acharnée, à base de perquisitions et de surveillance des domiciles des inculpé.e.s. Au total, 14 mandats d’arrêts européens (MAE) ont été publiés.

Le choix même de cette procédure judiciaire dénote la volonté d’avoir des démarches plus rapides que dans les procédures juridiques internationales traditionnelles, puisque les MAE permettent de contourner l’approbation de l’extradition par le Ministère des Affaires Étrangères du pays où réside la personne inculpée. De plus, les MAE amplement basées sur les accusations policières, puisqu’elles sont émises en amont de tout procès mais juste sur les preuves fournies par la police de l’Etat dans lequel a été commis le crime.

Les personnes concernées par un MAE doivent être remises au pays dans lequel elles seront jugées en moins de 90 jours, ce qui ne leur permet pas de préparer leur défense et encore moins de contrer la décision d’extradition. Une chronologie détaillée des événements et de la répression mise en place a été publiée sur le site du comité de soutien

Les militant.e.s antifascistes sous le coup des conditions d’enfermement inhumaines

Quatre militant.e.s anti-fascistes sont aujourd’hui placé.e.s en détention, pour violence volontaire ou pour association de malfaiteurs (un chef d’accusation qui a d’ailleurs été créé par les lois scélérates et de la répression des mouvements anarchistes). Ilaria, militante milanaise, est la plus connue sur la scène internationale. Elle a été la première à être interpellée en février 2023 et elle est emprisonnée en Hongrie depuis plus d’un an. Ses conditions de détention sont extrêmement insalubres, comme elle le décrit dans une lettre de 23 pages : pas de vêtements assez chauds ou propres, infestations (cafards, rats, punaises de lit), presque aucune sortie, absence totale d’hygiène, aucune assistance pendant les interrogatoires.

Au début du procès, le 29 janvier 2024 : Ilaria apparaît enchainée. Ces images ont eu une grande résonance à l’international, en faisant apparaître cette affaire dans beaucoup de médias. De plus, cette affaire a été traitée à grande échelle dans les médias italiens : en effet les deux gouvernements d’extrême droite de Meloni et d’Orban se sont accordés sur la nécessité qu’Ilaria soit jugé en Hongrie, mais également sur la nécessité de réprimer le mouvement antifasciste. L’audience du 29 janvier n’a pas permis à Ilaria de retourner en Italie ni de sortir de la détention provisoire. Une nouvelle audience est prévue à l’été 2024 : elle risque jusqu’à 16 ans d’emprisonnement ferme.

Tobias est également détenu en Hongrie depuis février dernier. La description de ses conditions de détention montrent des conditions de vie indignes : des vêtements non adaptés à la température extrêmement basse de la cellule, des quantités de nourriture insuffisantes, un accès limité aux douches et à l’eau chaude, un accès limité à l’électricité. Gabriele a été arrêté en novembre 2023 à Milan, suite à la publication d’un mandat européen le concernant. Il est actuellement assigné à résidence : en décembre, le tribunal milanais a émis un jugement défavorable à son extradition. Il attend une nouvelle audience à la fin de mars.

Maja, après une période en cavale, a été arrêtée à Berlin en décembre dernier. Son
interpellation a été particulièrement violente, la police allemande l’ayant poussée à travers une porte en verre. Maja est actuellement placée en détention provisoire à Dresde dans l’attente de son jugement, qui pourrait aboutir à une peine allant jusqu’à 24 ans de prison ferme. En janvier elle a été placée en isolement, ce qui témoigne encore une fois de la force de la répression dans cette affaire et des procédés de criminalisation des militant.e.s concerné.e.s.

Pendant son audience, le 20 mars, le Bureau du procureur général a donné son accord pour qu’elle soit extradée en Hongrie. La décision d’extradition n’a pas encore été prise définitivement, mais cela a posé une première base pour une telle possibilité. Leurs conditions de détention et de jugement, autant que la lourdeur des peines qu’ils risquent d’encourir, montrent l’extrême répression et les procédés de criminalisation à l’encontre des mouvements sociaux.

Une répression internationale, l’exemple de la soirée de soutien en France 

Un week-end de soutien aux inculpé.e.s de Budapest a été organisé à Paris par l’AIM, l’AFA Paris-Banlieue, Arak et Red Vibes entre le 1er et le 3 mars. Alors que le déroulement de la soirée du vendredi soir n’a causé aucun trouble à l’ordre, la soirée de samedi initialement prévue à l’Olympic Café a été interdite. Les organisateurs ont donc dû trouver une autre salle disponible en moins de 24 heures.

Une telle interdiction montre encore une fois la répression à l’encontre des inculpé.e.s et de leurs soutiens. De même qu’en Italie et en Allemagne où Ilaria, Tobias, Maja et Gabriele sont caractérisés en tant que terroristes. Cette tendance s’insère d’ailleurs dans la continuité de la criminalisation des mouvements sociaux radicaux qui avait, par exemple, porté à la dissolution (ou à la tentative de dissolution) par le gouvernement français d’organisations comme la GALE, Nantes Révoltée et Les Soulèvements de la Terre.

Liberté pour Ilaria, Tobi, Maja, Gabri et toutes les inculpé.e.s !


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