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Armée

Humiliations, nazisme... : des « déserteurs » condamnés pour avoir dénoncé des violences dans l’armée

La semaine dernière au tribunal correctionnel de Bordeaux, d'anciens soldats comparaissaient pour « désertion ». Une accusation cynique alors que ces derniers dénonçaient les humiliations subies dans leurs régiments et l’omniprésence de l’extrême droite.

Yann Causs

25 mars

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Humiliations, nazisme... : des « déserteurs » condamnés pour avoir dénoncé des violences dans l'armée

« En pleine nuit, on nous imposait de nous mettre nus dans les couloirs et on nous claquait les fesses. D’autres fois, on nous forçait à boire de l’huile de moteur. Tout ça sans raison. À mon arrivée, j’ai eu droit à des réflexions choquantes : j’ai les yeux bleus alors ils m’assimilaient à ‘‘la race aryenne’’. J’ai vu des militaires avec des croix gammées tatouées sur le corps. J’allais au travail avec la boule au ventre. À l’été 2022, j’ai été arrêté pour dépression. C’était devenu impossible pour moi de retourner dans ce régiment sachant qu’il s’y passait des choses inacceptables. »

Ce témoignage glaçant, relayé par le journal Sud Ouest, est celui de Kilian, 21 ans, ancien soldat engagé au 1er régiment de hussards parachutistes de Tarbes. Le 22 mars, en compagnie de 13 autres ex-militaires, tous la vingtaine, Kilian est jugé par la chambre des affaires militaires du tribunal correctionnel de Bordeaux pour « désertion à l’intérieur en temps de paix ».

Parmi eux, certains ont été déployés à l’étranger. Comme cet ancien militaire qui a participé à l’opération Barkhane. Un autre rêvait des « forces spéciales ». La plupart ont « déserté » avant d’avoir à combattre.

A la barre, les prévenus racontent tous les mêmes scènes : la même violence « pour le plaisir », les mêmes humiliations, le racisme, les coups de pressions, etc. Interrogé par le président de séance pour savoir s’il a consulté un médecin pour prouver ses blessures, Kevin, 24 ans, dénonce un climat de « terreur » : « J’avais peur de consulter, qu’on me juge. J’avais peur des représailles de mes cadres ». D’autres invoquent la « loi du silence » et expriment le « sentiment d’avoir été piégé ». Pas de quoi convaincre la procureure qui juge les « dénonciations peu étayées » et requiert de la prison avec sursis pour douze d’entre eux.

Une décision et des témoignages qui viennent rappeler le caractère profondément réactionnaire de l’armée. A l’heure du militarisme et du bellicisme qui sont le propre de la situation actuelle, le motif d’accusation « de déserteur » est lui particulièrement lourd de sens et résonne comme un message envoyé à la jeunesse dont le gouvernement prépare les esprits à l’enrôlement.


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