×

Dans la presse de juillet

Impôts, écolos et fuite des cerveaux

Les grandes vacances ont commencé. Les rues de Paris et des grandes villes sont moins encombrées que d'habitude et les embouteillages se sont déplacés aux autoroutes. Mais la politique ne prend pas de congé. Et les éditorialistes non plus. Toute période est propice pour pousser un peu « l'opinion publique » vers une opinion en particulier. En cette période de l'année, parler des impôts est une sorte d’impératif pour nos journalistes. Les déclarations de revenus sont encore fraîches dans les esprits et, pour certains, la facture s’annonce encore plus salée que l’an passé.

Facebook Twitter

Martin Noda

Les Echos se mettent au vert. Écologie ou impôts ?

Les Échos consacrent leur édito du 17 juillet, intitulé « Le couple maudit fiscalité-environnement », à « l’écologie ». En réalité ce journal ne se préoccupe pas vraiment des problèmes de notre planète mais de la politique du gouvernement pour arriver dans les meilleures conditions possibles au prochain Sommet Climat, la COP21, qui devrait se tenir cet hiver, à Paris. La question centrale est, bien évidement, les impôts. Deux politiques sont passées au crible : la réduction de la TVA pour les transports urbains et interurbains et l’alignement des taxes sur l’essence et le gasoil. {{}}

Par rapport à la TVA, Jean Marc Vittori semble être d’accord avec le gouvernement. En baissant la TVA on encourage les gens à prendre les transports en commun et pas la voiture, beaucoup plus polluante. Mais, évidement, Vittori ne fait mention à aucun moment de la réalité des transport en commun qui se détériore, en voie de privatisation ou déjà privatisés en fonction des agglomérations, et surtout très chers pour la plupart des ménages. Une baisse de la TVA est insuffisante. Il faudrait, tout simplement, éliminer la TVA, un impôt régressif et injuste. Dans les transports et ailleurs. Mais attention, l’article de référence des Échos précise que la baisse annoncée ne va pas nécessairement se transférer au prix du transport.

A propos des taxes sur le gasoil, Vittori nous dit que ne pas les augmenter est une incohérence de la part du gouvernement. Un alignement permettrait d’inciter l’essence plutôt que le gasoil, comme si les travailleurs pouvaient changer de voiture en claquant des doigts. On peut trouver bizarre qu’un journal économique s’occupe d’écologie, mais Les Échos semblent s’être converti. Du moins, c’est l’excuse pour parler d’autres sujets. Car, au fond, ce que nous dit Vittori, c’est qu’il faut une politique cohérente, avec des réglementations dans certains cas, et que, dans d’autres, « il faut des impôts, qui constituent un levier puissant », notamment lorsque ce sont les travailleurs et les classes populaire qu’il s’agit de sucrer.

Si un journal économique, porte parole du MEDEF, exige plus d’impôts, il faut se méfier. Vittori, en réalité, n’est pas en train de demander plus d’impôts, mais d’autres impôts. « Chez nous, on préfère taxer le travail plutôt que la saleté. On a donc à la fois du chômage et de la pollution, heureusement limitée par le choix du nucléaire ». Que dire de plus ? Il faudrait donc augmenter les impôts « verts » qui pèsent sur les couches populaires, tant que les grandes entreprises qui polluent, et qui le font en grande quantité, peuvent payer des malus plutôt que se plier strictement à la réglementation.

Plus important encore, c’est le problème de « l’impôt sur travail » qui préoccupe Vittori. L’éditorialiste ne parle pas, bien entendu, de l’impôt sur le revenu payé par les ménages populaires imposables mais des impôts payés par les entreprises. Lorsque Les Échos disent « travail », il faudrait lire « entreprises qui embauchent ». Ainsi, s’il ya a du chômage, c’est parce que il y aurait trop d’impôt pour les entreprises.

Pour finir, la défense du nucléaire n’est pas trop étonnante car l’atome implique d’énormes profits pour une petite poignée de grandes multinationales françaises. Penser l’écologie sans même questionner la place du nucléaire, la question des déchets, voilà, donc, une forme assez particulière d’écologie.

Migration ou impôts ?

Samedi 18, Le Figaro se préoccupe aussi des impôts. « L’appel de Londres » est le titre de l’édito de Jacques-Olivier Martin. Il ne s’agit pas d’un appel téléphonique de Cameron ni même de celui du « 18 juin », mais de la « fuite des cerveaux » des universitaires (ou plutôt de ceux qui sont assez riches) vers Londres. Pourquoi un tel exode, selon Le Figaro ? Parce qu’il y aurait trop d’impôts et « les citoyens […] s’installent là où ils jugent que les conditions sont les meilleures pour mener leur projet ». Il faudrait, en conséquence faire quelque chose pour que la France continue à être un pays attirant.

Mais si Les Échos n’est pas devenu un journal écolo, Le Figaro ne s’est pas non plus transformé en un organe de presse défendant la liberté de circulation. Pas question, pour Le Figaro, de proposer l’ouverture des frontières pour tous les migrants pauvres qui fuient la misère et la guerre. Pour eux, c’est l’expulsion. Pour les riches, il s’agit juste d’éviter qu’ils nous quittent parce qu’ils payent trop d’impôts.

Ainsi, « il ne suffit donc pas de décréter la fin d’un impôt stupide, comme la taxe à 75% sur les revenus de plus de 1 million d’euros ». Certes 75% est un taux élevé et Jacques Olivier Martin le prend comme une insulte. Mais 1 million de revenus par an, c’est également une insulte pour pas mal de smicards… Même après avoir été taxé à 75%, celui qui gagnerait 1 million par an garderait, au minimum, 250.000. Baisser le taux d’imposition à « seulement » 50% impliquerait que cette personne gagne en un an ce qu’un smicard gagne dans toute sa vie active.

Si l’on suit le raisonnement du Figaro, il ne faudrait pas laisser partir les Depardieu (car l’histoire des « jeunes universitaires méritants partant pour Londres » n’est qu’un prétexte, on l’aura compris), il faudrait, de surcroît, mettre en place une mesure supplémentaire, la suppression de « l’ISF, l’impôt le plus anti-économique qui soit, puisqu’il taxe les patrimoines virtuels des entrepreneurs ». Une vielle lune du Figaro.

« Pauvre de moi, moi qui gagne 1 million par an et à qui l’État prend une bonne partie. Pauvre de moi, qui possède une entreprise qui vaut plusieurs million mais l’État me fait payer l’ISF (ainsi que pour mes trois maisons, mes cinq voitures et mon bateau. Heureusement mon Picasso, comme c’est une œuvre d’art, ne paye pas d’impôts). Pauvre de moi, je pars vivre à Londres ».

C’est ce type de « citoyens » que Le Figaro veut garder en France. Ces deux mesures, à laquelle il faudrait ajouter la « simplification » des contributions patronales, ne concernent qu’1% des ménages les plus riches, au plus. Malheureusement, ce ne sont pas les seuls à lire Le Figaro sur la plage.

{{}}


Facebook Twitter
Surveillance olympique : des centaines de milliers de parisiens seront contrôlés par QR Code

Surveillance olympique : des centaines de milliers de parisiens seront contrôlés par QR Code

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Durée d'allocation, durcissement des règles : Attal précise son offensive contre l'assurance chômage

Durée d’allocation, durcissement des règles : Attal précise son offensive contre l’assurance chômage

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d'ampleur

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d’ampleur

Solidarité ! Un militant BDS convoqué à Montpellier après la plainte d'un sénateur PS

Solidarité ! Un militant BDS convoqué à Montpellier après la plainte d’un sénateur PS

À 100 jours des JO, Darmanin finalise son plan ultra-répressif

À 100 jours des JO, Darmanin finalise son plan ultra-répressif