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Réquisition des logements vides

Incendies et insalubrité en période de confinement : quand le mal-logement tue les plus précaires

Depuis le début du confinement, les témoignages sur le mal-logement se multiplient et révèlent la double peine infligée aux plus précaires : interdits de sortir mais incapables de s’enfermer.

Elsa Marcel

20 avril 2020

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Crédit photo : BSPP - Epinay-sur-Seine, mercredi 15 avril 2020

En France, une personne sur six est concernée par le mal-logement. Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, en date de janvier 2020 parle de près de quatre millions de personnes mal-logées, auxquels il faut ajouter les résidents de chambre d’hôtel (25 000), les personnes qui vivent chez un proche (600 000) et celles qui occupent un logement surpeuplé et exigu (900 000).
En tant de pandémie, ces difficultés s’accentuent de manière évidente. Tout d’abord, le mal logement est régulièrement identifié comme l’une des causes de la dégradation de l’état de santé des plus pauvres : moisissures, peinture au plomb, amiante, entraînent des difficultés respiratoires sérieuses, particulièrement inquiétantes face au covid-19. Mais plus encore, les incendies récents qui se sont déclarés dans différentes villes de l’Ile-de-France montrent que le confinement imposé dans un logement insalubre peut causer la mort de familles entières. A Montereau Fault-Yonne c’est une mère et sa fille de 3 ans qui ont péri dans les flammes. A Epinay-sur-Seine, un enfant de deux ans a été très gravement blessé et neuf habitants ont été brûlés ou intoxiqués.

Ces drames expriment la brutalité à laquelle font face les habitants des quartiers populaires : alors qu’ils sont confinés dans des conditions intenables, ils doivent subir le harcèlement policier à la moindre sortie. De plus, ce sont dans ces quartiers que la population est quotidiennement obligée d’aller travailler, comme l’ont montré les chiffres de surmortalité en Seine-Saint-Denis. Contrôle d’identité et interpellations qui mènent aux violences les plus brutales, voir à la mort. C’est ainsi que la révolte gronde et que la contestation commence à se propager : Villeneuve la Garenne, Saint-Ouen, Chanteloup-les-Vignes en région parisienne, la Reynerie à Toulouse et bien d’autres, se sont levés depuis le drame du jeune motard fauché par la portière d’une voiture de police. Quant à eux, les médias dominants déplorent « l’indiscipline des pauvres » et excusent avec tendresse « la légèreté des riches » qui se promènent en famille dans le 16ème arrondissement. Le deux poids deux mesures a rarement été aussi évident et mènent à une conclusion sans appel : dire « nos vies valent plus que leur profits » implique aussi le droit à être logé dignement, sans rats ni cafards, en mettant un terme à la spéculation sur les biens immobiliers.

Selon la ville de Paris, 17% des logements sont inoccupés dans la capitale et pourraient ré-pondre à la nécessité vitale d’offrir à chacun un lieu de vie sain à l’intérieur duquel se confiner. Si la trêve hivernale a bien été prolongée de deux mois et que 2000 places d’hôtel supplémentaires ont été promises pour les sans-abris, les associations de défense du droit au logement estiment qu’il faut aller beaucoup plus loin et réquisitionner les Airbnb.

Dans cette période de crise sanitaire et économique mondiale, les inégalités s’exacerbent et les oppositions sociales prennent le visage d’un combat vital. En ce sens, il est hors de question de continuer à regarder les immeubles bruler tout en laissant entière la spéculation immobilière. Au contraire, il faut réquisitionner l’ensemble des logements vides ainsi que mettre au service de la population tous les hébergements hôteliers.


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