« Nous avons fait respecter la liberté de manifester »

Pas d’interdiction de manifester ? Encore heureux ! On en verrait même plus les cages qui encadrent les parcours et le sang des manifestants sur les pavés. Quant aux gaz flottants, c’est la bruine d’un matin d’été bien sûr...

Sérieusement, pour qui nous prend-t-on ? Quelle liberté face à un gouvernement qui menace une fois de plus d’utiliser le 49.3 pour faire passer sa loi ? Ce que Mailly ne dit pas clairement, c’est bien qu’il est en train de négocier des miettes d’amendements sur la loi Travail, par son refus d’appeler à la manifestation et son isolement par rapport à la CGT.

Si le communiqué de l’Intersyndicale (qui compte parmi elle la CGT, FO,la FSU, Solidaires, l’Unef et la Fidl) appelle bien à continuer la « mobilisation », en vérité, cette dernière sortie du secrétaire général est la démonstration que les formes de cette "mobilisation" restent à discrétion de chaque direction syndicale, Mailly ayant décidé que FO ne défilera plus pour le moment.

« Cela devient compliqué d’organiser ce type de manifestation »

En reprenant le verbe et l’hypocrisie gouvernementale, Mailly fait porter aux soi-disant « casseurs » la responsabilité de l’absence de libertés démocratiques dans ce pays. On croit rêver ! A reprendre les éléments de langage de Matignon, on pourrait prendre ce dernier pour le nouveau porte-parole du gouvernement.

En vérité, alors même que le gouvernement n’a encore rien cédé – y compris des revendications minimales exposées par Force Ouvrière – Mailly annonce déjà la fin de la partie, pour FO. Pas même un baroud d’honneur : une défaite sans bataille finale. Et lui qui criait encore il y a quelques mois : « la mobilisation jusqu’au retrait ! » …

Même si l’union régionale-FO manifestera bien, et que la centrale plaide en faveur « d’autres types d’actions » pour cet été, le secrétaire général a donné le ton. Pourtant, tout reste à jouer. Le texte retournant à l’examen à l’Assemblée à partir du 5 juillet, il est encore temps de mener la bataille et de maintenir la pression pour ne serait-ce que maintenir notre exigence du retrait. Les syndicalistes de la base de Force Ouvrière, remontés face à cette loi travail et ayant montré à plusieurs reprises des signes de combattivité, l’entendront surement d’une autre oreille.