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AP-HP

L’état d’urgence, le 49.3 de Martin Hirsch

Camilla Ernst Martin Hirsch n'aura pas attendu longtemps avant de profiter de la trêve sociale imposée par l'état d'urgence, pour faire passer sa réforme sur la réorganisation du temps de travail pour le personnel de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Dès le lundi 16 novembre, alors que le « plan blanc » déclenché le soir des attentats n'était pas encore levé et que le personnel mobilisé durant tout le week-end peinait à se remettre du choc psychologique des derniers jours, il diffusait des plaquettes de présentation des réorganisations prévues dans les services hospitaliers, avant de convoquer unilatéralement les syndicats par mail pour planifier les instances sur la réforme.

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« Paroles, paroles, paroles... »

Lundi 16 novembre. Depuis 48 heures, tout le personnel de l’AP-HP est mobilisé pour accueillir et soigner au mieux les victimes des attentats du 13 novembre. Le « plan blanc » déclenché pour l’occasion ne sera levé qu’à 17 heures, quand le désengorgement des urgences est jugé effectif. Le soir, Martin Hirsch exprime par mail sa reconnaissance aux agents d’avoir pu « répondre avec efficacité à [leur] mission de service public ».

Une reconnaissance qui ne l’aura cependant pas empêché, dès le matin, de diffuser dans les services des plaquettes de présentation de sa réforme sur la réorganisation du temps de travail, alors qu’elle n’a pas encore été validée réglementairement. Un passage en force facilité par l’instauration de l’état d’urgence interdisant toute mobilisation des salariés contre ce projet qui, en leur supprimant des journées de RTT et en les obligeant à plus de flexibilité dans leur temps de travail, ne fait que dégrader toujours plus leurs conditions de travail et les conditions de prise en charge des patients, compromettant sérieusement leur possibilité d’honorer leur fameuse « mission de service public ». En outre, c’est une négation totale de l’admirable mobilisation du personnel de l’AP-HP qui, depuis le mois de mai, se bat pour le retrait de ce projet et pour la sauvegarde de la qualité des soins pour les patients.

… Et dans les faits, prime « vulgaire » et plan d’économies pour les salariés

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Jeudi 19 novembre. Marisol Touraine annonce une prime exceptionnelle attribuée à l’AP-HP, 3 millions d’euros pour gratifier le personnel ayant participé à la prise en charge des victimes des attentats parisiens. Sur les réseaux sociaux, la réponse des agents hospitaliers est unanime. « Vulgaire », « lamentable », « à vomir »... tous vivent comme une insulte cette attribution exceptionnelle quand ils ont, dans des conditions pour le moins exceptionnelles, accompli leur travail habituel, celui pour lequel ils se sont engagés. L’impression qu’il faut des attentats pour qu’on considère leur travail quotidien, quand s’enchaînent en parallèle les annonces de plans d’économies et de suppressions de postes, précarisant leurs conditions de travail déjà difficiles.

22.000 emplois supprimés et 10 milliards d’euros d’économie sur l’Assurance maladie, dont 3 dans les hôpitaux d’ici 2017, ont été annoncés par cette même Madame Touraine en début d’année. A l’AP-HP, le Plan Hirsch ambitionne 30 millions d’euros d’économies, et Martin Hirsch annonce encore la nécessité de réaliser 142 millions d’euros d’économies en 2016, alors qu’on comptabilise un excédent de 40 millions d’euros en 2015. Et bien sûr, c’est sur le dos des personnels, si ce n’est des patients, qu’elles vont être réalisées.

Un paradoxe résumé en une phrase par l’intersyndicale de l’AP-HP : « Marisol Touraine nous fait l’aumône, pendant que Martin Hirsch nous fait les poches ».

Qu’en est-il de l’intersyndicale ?

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Vendredi 20 novembre. Par un mail, Martin Hirsch convoque les syndicats CGT, Sud, FO, CFTC, CFE-CGC et UNSA, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas trahi les salariés en s’asseyant à la table des négociations comme la CFDT, pour planifier des instances sur la réforme. Un coup de force de la part du directeur de l’AP-HP, en ces temps où toute manifestation est interdite, et où toute contestation sociale est fortement réprimée, de sommer les syndicats à une rencontre, dernière étape légale avant l’application (en force) de son plan.

Et d’un autre côté, l’intersyndicale ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Si la manifestation prévue le 17 novembre a été interdite par le gouvernement du fait de l’état d’urgence, elle n’a pas pour autant appelé les salariés à se déclarer en grève ce jour-là et n’a pas non plus pondu une nouvelle date de mobilisation, se contentant de demander un simple moratoire, une mesure bien inefficace quand Hirsch a déjà la CFDT à ses côtés et un plan « négocié » dans la poche. On voit maintenant rétrospectivement et dans la pratique l’inefficacité de ce type d’interpellation.

Il y a donc une sorte de paradoxe entre la volonté affichée par l’intersyndicale dans son communiqué du 24 novembre d’imposer le retrait pur et simple du plan Hirsch-CFDT, et demandant à la place le recrutement nécessaire de personnel supplémentaire d’un côté, et l’absence totale de perspectives de lutte de l’autre. Et pourtant il est plus que jamais évident que c’est seulement par la mobilisation massive, dans la rue, malgré la « trêve sociale » imposée, l’interdiction de manifester et l’état d’urgence qui ne sont que des moyens de faire taire les revendications des salariés, que l’on pourra faire plier Martin Hirsch.


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