L’acte XI de la mobilisation contre la réforme des retraites, ce jeudi, a été marqué à Metz par une violente agression de la part de militants d’extrême droite. En début de manifestation, sur le parvis de la gare, une camionnette a tenté de forcer un barrage formé par plusieurs militants, notamment de l’UCL, FA, la CNT, Le Poing Levé et Révolution Permanente. 

Christian Porta, travailleur à Neuhauser, militant CGT et Révolution Permanente raconte. « À Metz, on a vu apparaître l’extrême-droite dans nos cortèges le 19 janvier dernier. Ils défilent depuis à chaque journée de mobilisation dans le sillage d’un camion siglé « Macron Picsou » dans un cortège organisé par des militants des Patriotes (le parti de Florian Philippot) et de Civitas (une organisation catholique intégriste) ». Le syndicaliste poursuit : « Ce jeudi, plusieurs manifestants ont décidé de faire bloc pour empêcher l’extrême-droite d’intégrer nos cortèges. C’est alors que le camion Picsou a décidé de forcer le passage et d’écraser des manifestants. Trois militants ont été touchés, un a du se rendre à l’hôpital. Ces dernières semaines, on avait pu voir circuler sur les réseaux sociaux des photos de ces militants promettant de « casser du rouge » »

Une agression violente permise par la police selon le syndicaliste. « Non seulement la police est restée passive et a regardé les manifestants se faire écraser, mais la BAC a profité de l’occasion pour arrêter un des manifestants agressés par l’extrême droite. Nous exigeons sa libération immédiate, c’est absolument scandaleux » dénonce le travailleur de Neuhauser. 

Plus largement, au-delà de la condamnation ferme de cette agression, celle-ci pose des questions sur la réponse à donner à la présence organisée de militants d’extrême-droite dans nos cortèges. Pour Christian Porta, « il faut qu’on tire des leçons de ce qu’il s’est passé ». Et d’expliquer : « si l’extrême-droite a franchi un cap dans la violence et pris confiance, ce n’est pas étranger à la passivité de plus en plus grande de l’intersyndicale locale sur la question. Le 23 mars, on a pu voir le bus de la CGT fermer la manifestation derrière l’extrême-droite et son camion Picsou, les intégrant de fait dans nos cortèges. Il faut une réponse très claire, l’extrême-droite n’a rien à faire dans nos manifestations. Ce sont des ennemis des travailleurs, ils viennent de le démontrer une fois de plus »

Il conclut : « À Metz, on ne peut plus faire l’économie de la lutte contre l’extrême-droite dans le cadre du mouvement actuel. Cette semaine, un chanteur, Bilal Hassani, a été contraint d’annuler son concert à cause de menaces proférées par les mêmes qui nous ont agressé. Avec quelques sections syndicales et organisations politiques, on avait organisé un rassemblement pour le soutenir. Face à l’extrême-droite, ce dont nous avons besoin, c’est d’une riposte large et unitaire dans la rue et nos manifestations ». À bon entendeur. 

Alors que Marine Le Pen et consorts entendent faire leur beurre électoral sur la colère profonde contre Macron et la réforme des retraites, l’attaque de militants syndicaux, de travailleurs et de jeunes mobilisés à Metz est une preuve de plus et une piqure de rappel, s’il en fallait encore une, que l’extrême-droite est l’ennemie profonde des travailleurs et du mouvement ouvrier. Elle n’a rien à faire dans nos cortèges. À Metz comme ailleurs.