Del Caño a renversé tous les pronostics. Le député au Parlement national de 35 ans s’est imposé, lors des primaires du FIT, sur Jorge Altamira, la figure emblématique de l’extrême gauche argentine qui, pour la première fois, aura à céder le leadership électoral au sein de l’extrême gauche trotskyste. La différence entre les deux candidats a été minime : 51% pour Del Caño contre 49% pour le leader du Parti Ouvrier.

Pas question de se coucher, au quartier général du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), à l’Hôtel Bauen [établissement hôtelier du centre de la capitale, transformé en coopérative autogérée depuis son occupation en 2003]. Au QG, l’optimisme était de mise, très tôt, dès que les premiers résultats ont été communiqués par les scrutateurs du PTS, répartis dans les bureaux de vote dans tout le pays. Christian Castillo, pré-candidat au poste de gouverneur de la province de Buenos Aires, était confiant. Ses chiffres, retranscrits sur un document Excel, faisaient état d’un coude-à-coude jusqu’au bout. Le résultat final a fini par tomber au petit matin, lundi, avec une différence de quelque 20.000 voix [entre les deux principaux candidats].

Mais les documents [de Castillo] reflétaient dès minuit une tendance qu’ont confirmée par la suite les résultats officiels. Mendoza, la province qui a élu Del Caño député, s’est à nouveau transformée en son bastion électoral. La liste du PTS distançait celle du PO de 75.000 voix, une différence impossible à remonter pour le Parti Ouvrier. L’autre clef de ce succès ont été les échecs moins importants que prévu pour le PTS dans la province de Bueos Aires et pour la ville de Buenos Aires, avec une courte victoire, dans les deux cas, pour le PO. Del Caño a gagné, en revanche, dans les provinces de Santa Fe [la seconde du pays], Neuquén [en Patagonie] et Jujuy [dans l’extrême Nord de l’Argentine].

Del Caño a confié à La Nación combien « ces résultats démontrent qu’il y avait une nécessité de renouveler le FIT de façon à ce que le Front se transforme en une force décisive sur l’échiquier politique national ». Il a souligné, également, combien il avait hâte de mener le combat contre Daniel Scioli [le candidat officiel du péronisme, qui a obtenu 38,5% des voix], Mauricio Macri [aujourd’hui à la tête de la capitale, candidat de la droite traditionnelle, qui a fait 30%] et Sergio Massa [homme fort du Nord de la province de Buenos Aires, péroniste de droite, qui a obtenu 20,6% des voix]. Le dirigeant du PTS, qui sera le plus jeunes des candidats à la présidence lors des élections générales d’octobre, sera secondé, sur le ticket présidentiel, par la députée Myriam Bregman.

Au fur et à mesure qu’ils tombaient, les résultats partiels ont également attesté du bon score du FIT au niveau national. Le Front a ainsi dépassé 3% et sera au coud-à-coude pour la quatrième position avec « Progresistas », conduit par Margarita Stolbizer. Le cartel électoral trotskyste a multiplié par deux ses voix par rapport aux PASO de 2011 et il escompte bien renouveler, en octobre, son exploit de 2013, lorsque le FIT avait fait 1,2 millions de voix lors des législatives.

Les perspectives, pour le FIT, sont encourageantes. Le mandat de ses trois députés [élus en 2013] ne prend fin qu’en 2017, raison pour laquelle le FIT espère multiplier par deux son groupe parlementaire d’ici-là. Les PASO ont confirmé la possibilité de gagner de nouveaux sièges dans la province de Buenos Aires, dans la capitale, à Mendoza et Santa Fe. Pour la province de Buenos Aires, Néstor Pitrola, du PO, sera le premier candidat du FIT au poste de député, de même que candidat au poste de gouverneur, secondé, pour ce ticket électoral, par Christian Castillo [candidat au poste de vice-gouverneur, donc] ; Gabriel Solano, du PO, candidat du FIT pour la capitale, et Noelia Barbeito, du PTS, à Mendoza.