Un véritable casse-tête, ou un exercice de schizophrénie, pour le président de AF-KLM Alexandre de Juniac. Comment célébrer les bons résultats de son groupe tout en justifiant la poursuite du nouveau plan d’économies, le plan Perform 2020 ? Qui plus est le jour même où les syndicats ont durci le ton, refusant de retourner à la table des négociations ! C’est l’effet conjoint de la chute du prix du pétrole, qui a fini par se faire sentir sur les comptes, et de très bons taux de remplissage cet été qui explique les résultats économiques historiques du groupe.

Justifier l’injustifiable

La direction continue de prétexter une concurrence exacerbée, où Lufthansa et British Airways enregistreraient de meilleurs chiffres, pour justifier le maintien du plan de licenciement prévu. Alexandre de Juniac estime ainsi que les chiffres ne permettent « ni de combler le différentiel de compétitivité avec [les] concurrents ni de disposer des moyens de financer la croissance du groupe ». S’ils ne servent qu’à remplir les poches (ou coffres-forts) des actionnaires, surement pas…

Les prévisions pour l’activité de l’hiver 2015-2016 démontraient déjà, comme nous le disions dans un article précédent : « les suppressions d’emploi ne sont pas nécessaires. Aux salariés de mettre la main sur la comptabilité de la compagnie aérienne pour le démontrer devant l’ensemble de la société de façon à renforcer le soutien populaire et à créer le rapport de forces nécessaire pour empêcher tout licenciement, qu’il soit sec ou déguisé en départ “volontaire” ». En affichant à la place publique ses bénéfices record, la direction d’Air France fait elle-même une partie du travail.

Les salariés ne sont pas le problème, ils sont la solution

Le prochain pas, ce serait de crier haut et fort que ce qui met l’entreprise en difficulté (si difficulté il y a) c’est l’appétit débordant du patronat, pas le nombre excessif de salariés, quel que soit leur métier. De quoi démontrer que l’entreprise marcherait bien mieux si elle était complètement re-nationalisée, pour assurer un service public de transport de qualité et accessible aux usagers. Cela ne pourrait néanmoins pas se faire avec un directoire ou un consortium désigné par l’État capitaliste, il faudrait que ce soit les travailleurs eux-mêmes qui gèrent l’ensemble de l’activité.

Cela impliquerait un niveau de mobilisation très supérieur à celui qui existe actuellement, capable de mettre sur la défensive la direction d’Air France et le gouvernement qui agit en son complice direct. L’unité croissante entre les salariés des différents métiers contre tout réflexe corporatiste, la défense sérieuse des salariés réprimés, la sympathie que cette lutte inspire chez de nombreux travailleurs et les possibilités de convergence qui s’ouvrent sont néanmoins un très bon point de départ.