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Sondage Ifop

La jeunesse et les ouvriers face à l’appareil répressif d’État 

D’après une dernière enquête d’opinion, le niveau de défiance vis-à-vis des forces de répression (57%), en particulier chez les jeunes et les ouvriers, est inédit. Suite au mouvement des gilets jaunes et la grève contre la réforme des retraites, la police apparaît comme “cette machine à étrangler toutes saines révoltes” dont parlait Victor Serge, mais dont les limites et faiblesses ont été projetées au grand jour de nombreuses fois depuis la prise de l’Arc de triomphe.

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Crédits photo : Serge D’ignazio

Dans le dernier sondage de l’Ifop, il ressort que “les sondés ne sont plus que 43 % à exprimer leur « confiance » [en la police], soit 7 points de moins qu’en août 2019. Un niveau qui n’avait jamais été aussi faible”. De plus, l’enquête indique que ce sentiment de défiance - “ils sont 20 % à dire leur « inquiétude » et 10 % leur « hostilité » face aux forces de l’ordre” - est par ailleurs particulièrement marqué chez les jeunes et les ouvriers. Sans surprise, ces chiffres surgissent dans un contexte politique largement affecté par la question des violences policières, en partie suite à son extension à de nouveaux secteurs de la société, dont le mouvement des gilets jaunes fut un des points culminants avec la grève contre la réforme des retraites. 

Face à l’État, “détenteur du monopole de la violence physique légitime” d’après la désormais célèbre formule de Weber, les travailleurs, lycéens, étudiants, chômeurs, retraités, sont comme pris en étau entre, d’une part, l’impunité sans failles à l’égard des forces de répression - seuls deux policiers ont été poursuivis en correctionnel - et d’autre part, les injonctions de la bourgeoisie et de leurs “moralistes” politiques et médiatiques à multiplier les courbettes en tous genre et porter aux nues “l’ultime rempart républicain”. Pour mener à terme ces offensives historiques contre le droit du travail, l’assurance-chômage, la réforme des retraites, en autres, Emmanuel Macron, en prenant appuie sur un “bloc bourgeois” qui penche à droite, ne recule devant rien, pas même devant “le sang et les larmes”, de l’aveu même du parlementaire LAREM Stéphane Séjourné. Preuve en est le retour de la doctrine de maintien de l’ordre mise en cause dans la mort de Malik Oussekine, avec l’irruption dans les manifestations des Brigades de Répression de l’Action Violente Motorisées (BRAV-M).

Toutefois, si “la police apparaît de plus en plus comme un organe de répression au service d’un gouvernement impopulaire” d’après les mots du directeur de l’IFOP Jérôme Fourquet, et ce particulièrement pour tous les grévistes et manifestants, qui ces derniers mois l’ont éprouvé dans leur chair à coups de matraques, de tirs de LBD et de grenades lacrymogène ; les dirigeants politiques traditionnels, et surtout, les directions syndicales, n’en demeurent pas moins attachées à défendre toute atteinte et mise en cause de l’appareil répressif d’État. A ce titre, l’exemple le plus frappant date décembre 2018 “lorsque la direction de la CGT, main dans la main avec celle de la CFDT pour l’occasion, avait ouvertement condamné le soulèvement des Gilets jaunes, en s’en désolidarisant” souligne Juan Chingo dans son dernier article pour Révolution Permanente.

Dès lors, cette dynamique de rupture d’illusion à l’égard des “forces de l’ordre” apparaît comme porteuse de nouvelles possibilités d’alliances et de perspectives stratégiques, en brisant les remparts qui enfermaient chaque secteur dans une lutte corporatiste sans lendemain, pour passer un nœud coulant autour du cou de “cette machine à étrangler toutes saines révoltes” dont parlait Victor Serge à propos la police, qui, tout en saisissant la puissance de cet instrument de répression, remarquait à la lecture des archives de la police russe “qu’il n’est pas de force au monde qui puisse endiguer le flot révolutionnaire quand il monte, et que toutes les polices, quels que soient leur machiavélisme, leur science et leurs crimes, sont à peu près impuissantes...”


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