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Violences de classe et discriminations

La mairie de Chilly-Mazarin refuse d’inscrire des enfants du Samu social à l’école

Depuis le début de l'année scolaire, plusieurs enfants résidant à Chilly-Mazarin se sont vus refuser leur inscription dans l'école de la ville. Motif : ils résident dans un hôtel, logés par le Samusocial, une situation sur laquelle s'appuie la mairie pour ne pas les inscrire, en ne les considérant pas comme résidents de la commune.

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Code de l’éducation, article L111-2 : « Tout enfant a droit à une formation scolaire qui, complétant l’action de sa famille, concourt à son éducation. » L’obligation légale de scolariser un enfant entre 6 et 16 ans marche dans les deux sens : elle marche aussi pour l’éducation nationale, censée être dans l’obligation d’assurer la scolarité des enfants.

Libération révèle pourtant que de nombreux enfants ne sont pas scolarisés en raison de leur situation. A Chilly-Mazarin, 16 dossiers sont encore en attente alors que le premier mois d’école est écoulé. La raison invoquée pour refuser leur scolarisation : ces enfants et leurs parents sont logés dans des hôtels par le Samusocial.

Laurent Ott est membre de l’association Intermèdes Robinson, qui vient en aide aux personnes en grandes difficultés. Cité dans cet article de Libération, il dénonce l’action de la mairie : « à Chilly-Mazarin, on a malheureusement l’habitude. Chaque année, on doit se battre pour que les enfants soient inscrits à l’école, la mairie invente tout un tas de choses pour les en empêcher. » Père de trois enfants de 7, 9 et 10 ans, Joseph est demandeur d’asile. Il ne comprend pas : « En France, les enfants vont à l’école. Chilly-Mazarin, c’est la France ou c’est pas la France ?  », questionne-t-il. Une situation qui interroge ses enfants, mais il se refuse à leur expliquer qu’ils sont refusés pour des raisons politiques. Il préfère ne pas répondre. « Pour leur dire quoi ? Qu’on ne veut pas d’eux parce qu’on vit ici, à l’hôtel ? Ce n’est pas intéressant de leur dire. »

Les pratiques de nombreuses mairies sont discriminantes concernant la scolarisation d’enfants dans cette situation, et celle de Chilly-Mazarin ne fait pas exception. Des solutions de repli dans des écoles éloignées sont souvent proposées en dernier recours, avec des déplacements quotidiens allant jusqu’à 2h en bus, sans aucune solution pour le financement de ces transports. « C’est une façon de décourager les familles, comment voulez-vous qu’ils fassent ? », poursuit Laurent Ott. Autre tactique : la cantine. Même lorsqu’ils sont acceptés, les enfants logés par le Samusocial se voient appliqués des tarifs prohibitifs à la cantine scolaire (7€ par repas !), sous prétexte encore une fois qu’ils ne résident pas dans la commune. Jean-Paul Beneytou, maire LR de la ville, cherche à se justifier : « C’est comme ça depuis toujours pour tous les enfants venant de l’extérieur de la ville. Pourquoi leur appliquerait-on une règle différente ? Il n’y a pas de raison. De toute façon, très peu d’entre eux mangent à la cantine. » Sauf que ces enfants ne viennent pas de l’extérieur de la ville, et qu’ils logent dans des hôtels le plus souvent démunis de cuisines.

Face à leur situation, Jospeh a pris une décision forte : il y a quinze jours, il a déposé ses enfants devant l’école. Mise devant le fait accompli, la directrice les a répartis dans ses classes et informé l’inspection d’académie et la mairie. Ni une ni deux, l’inspectrice débarque et demande à ce qu’on lui désigne les enfants, avant de réclamer que soit mise en branle une procédure pour enfants en danger et que le commissariat soit prévenu. Refus de la directrice. Selon le rectorat, « l’inspection s’est rendue dans l’école pour tenter de connaître l’identité des responsables légaux et de les contacter. » Pour l’instant, les enfants continuent d’aller dans l’école de la ville, mais sans garantie quant à leur avenir.

Initialement pensé comme une solution transitoire, le Samusocial, qui consiste à loger des personnes en difficulté dans des hôtels, devient de plus en plus une solution de long terme. Les familles y restent plusieurs années, faute d’alternatives. Chaque jour, ce sont 20 nouvelles familles qui sont prises en charge rien que sur Paris, pour un total de 28.500 hébergements quotidiens en Ile-de-France.

Photo : Corentin Fohlen pour Libération


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