Le gouvernement japonais de Shinzo Abe a fait adopter son plan de défense quinquennal ce mardi. Tokyo débloque 27.470 milliards de yens (210 milliards d’euros) sur les cinq prochaines années pour ses nouveaux équipements militaires. La flotte japonaise va se doter de deux porte-avions (qui vont résulter de la transformation de ses deux porte-hélicoptères), une première depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il est question de faire l’acquisition de 42 avions furtifs, ainsi que quatre avions ravitailleurs KC-46 Pegasus fabriqués par Boeing et deux versions terrestres du système étasunien de défense aérienne Aegis Ashore pour se protéger des missiles balistiques intercontinentaux nord-coréens.

Le gouvernement japonais de Shinzo Abe, inquiété notamment par la montée de la présence de navires chinois dans la Mer de Chine Orientale – une enclave stratégique à l’échelle mondiale de par sa grande quantité de ressources – estime que le pays ne peut plus maintenir le système d’autodéfense national établi en 1945 et dépendant des États-Unis, et que le Japon dans cette période de résurgence de tension inter-impérialiste doit se doter d’un arsenal propre, ce qui rentre également en adéquation avec la politique de Trump. De plus, l’armée japonaise va acheter américain, ce qui va en partie satisfaire le souhait de rééquilibrage des échanges commerciaux nippo-états-uniens tant voulu par Donald Trump.

Un porte-parole du gouvernement japonais affirmait ce mardi : « Nous avons besoin de développer des capacités de défense véritablement efficaces plutôt que de simplement étendre nos capacités traditionnelles », et ajoutait « Nous allons sécuriser, à la fois en quantité et en qualité, les systèmes de défense qui sont nécessaires afin de répondre au rapide changement de nos conditions de sécurité ».

Le Japon cherche à justifier cette course à l’armement par le seul biais d’une analyse de la géopolitique régionale, la menace chinoise, coréenne ou russe. Pourtant, il faut voir cet achat massif d’équipement militaire d’un point de vue beaucoup plus global. Il faut mettre ça en lien avec la perte d’hégémonie états-unienne issue notamment de la crise économique de 2008 et qui rebat les cartes, provoquant un changement significatif des relations interétatiques.

Cette perte de puissance états-unienne pousse une partie de ses alliés traditionnels à réviser leur plan militaire pour faire face à cette période d’instabilité. C’est la fin de la « mondialisation harmonieuse » et le retour aux rivalités inter impérialistes.