Tous les ingrédients de la mauvaise série télévisée sont pourtant réunis et si on faisait abstraction des personnages impliqués dans l’histoire, cela pourrait même faire sourire : le vieux patriarche, qui feint la décrépitude alors qu’il n’a jamais été aussi gaillard, qui s’affronte à sa fille, à son gendre, à son ancien avocat, à son ex bras-droit, qui tentent à leur tour de lui voler sa boîte, l’entreprise qui engrange des profits continus depuis les scores de Jean-Pierre Stirboix à Dreux en 1982…

Ainsi, Jean-Marie Le Pen conteste le caractère statutaire de son exclusion par le bureau exécutif du FN en mai 2015 puis ratifié par un référendum postal par les adhérents. Porté par son avocat, comparant le FN à un parti « totalitaire » et « stalinien », le Pen-père se pose en victime et réclame deux millions d’euros à sa fille. Marine Le Pen et les siens argumentent que le vieux n’est plus gérable et qu’il enchaînait les dérapages : le dernier en date n’est pas de lui, cependant, mais de l’avocat du FN, qui a traité le fondateur de « détail de l’histoire » alors que l’ancien para d’Algérie accusait sa fille d’être manipulée par les « guestapettes » de Florian Philippot. De la grande classe, des deux côtés, dans le meilleur style de Brasillach.

Sur fond nauséabond de références vomitives à la Seconde Guerre Mondiale, tout ce beau monde est fonctionnel à une seule et même stratégie médiatique : la dédiabolisation du FN à laquelle contribue Le Pen père également, qu’il en soit ou non conscient.
Marine joue donc celle qui fait le ménage dans le parti alors que le vieux s’arcboute au point de porter l’affaire devant les tribunaux, ce qui revient à faire de la pub pour le FN. Pas plus tard que 2012, d’ailleurs, et alors que Le Pen n’en était pas à sa première sortie de piste raciste et/ou antisémtite, sa fille louait les « mérites historiques » du fondateur. La mise en scène des démêlés judiciaires de la famille Le Pen n’empêchera pas que tout ce petit monde, et au-delà, réalise un beau front unique réactionnaire, rétrograde et raciste en vue des élections de 2017. Pour ce faire, d’ailleurs, Cotelec, jouera un rôle central. Il s’agit la société financière, propriété de Jean-Marie Le Pen, qui s’apprête à fortement contribuer à la campagne de Marine Le Pen aux élections présidentielles de 2017 ainsi qu’aux législatives qui vont suivre.
La mise en, scène, on le répète, est presque parfaite. En tout cas, c’est tout bénéf’ pour la fille.