Dans ce lycée, créé en 1994 entre deux cités de Saint-Denis, on vit depuis longtemps avec des moyens en personnel complètement insuffisants. Avec plus de 1300 élèves, dont certains préparant un BTS audiovisuel de réputation nationale, le lycée ne dispose que de 7 surveillants et demi ! Le rectorat de Créteil ose déclarer aux journalistes qu’il s’agit d’une dotation normale pour un lycée de ce type. C’est évidemment faux. A titre de comparaison, un autre lycée comme celui-ci à Villepinte (93) – qui a également mené une grève reconductible l’an dernier pour éviter un maximum de suppressions de poste– dont le nombre d’élèves est similaire, dispose d’au moins 10 surveillants.

Ce qui a déclenché la grève à Suger c’est une bagarre et l’agression d’un surveillant à la grille. Il y était seul ! Dans la plupart des lycées c’est toujours une équipe qui travaille à l’entrée de l’établissement. Le lycée Suger, dont tout le monde reconnaît que les élèves vivent des situations de grande précarité, voire de misère, dispose d’une seule assistante sociale, une seule infirmière, et seulement trois CPE (conseiller principal d’éducation, ancien surveillant général).

Et pendant ce temps-là, on utilise de l’argent public pour financer des lycées privés qui possèdent déjà tous les privilèges, et dans lesquels les problèmes sociaux sont minimes.

Depuis des dizaines d’années, les attaques contre le système éducatif public se multiplient. Il s’agit sans cesse d’économiser un peu plus sur le dos des personnels et des élèves.

Face à ces attaques qui ne concernent pas que les établissements classés en « Zone sensible », ce qui serait nécessaire c’est que les directions syndicales impulsent une mobilisation collective autour des exigences de base qui rassemblent aujourd’hui les profs, les parents d’élèves et les lycéens du lycée Suger : un nombre plus réduit d’élèves par classe, et un nombre plus élevé d’adultes auprès des élèves, alors qu’aujourd’hui, c’est un surveillant pour 173 élèves.

Le lycée Suger démontre que les professeurs sont prêts à défendre leurs conditions de travail et les conditions d’étude des élèves par la grève reconductible. Il est un point d’appui pour poursuivre et étendre la lutte. Ses revendications ne sont pas isolées ; elles rencontrent les difficultés des enseignants en cette période de rentrée et, au-delà, celles des autres secteurs en luttes contre les mesures d’austérité qui privent les établissements scolaires et la fonction publique en général des moyens minimums de fonctionnement.

Mais pour gagner, il est nécessaire de s’organiser collectivement, au lycée Suger comme ailleurs. Les syndicats ont un rôle essentiel à jouer en ce sens. Pourtant, il faut bien constater que la volonté et les actes pour mobiliser ne sont pas toujours au rendez-vous. La division syndicale, réelle ou apparente, le « dialogue social » se retournent hélas trop souvent contre les aspirations de ceux qui sont en lutte, comme ce fut le cas lors de la négociation sur l’évaluation pédagogique des professeurs par leurs chefs d’établissement.

La FSU, avant le meeting unitaire de Nantes a publié un texte sous-entendant qu’il faudrait réintégrer la CFDT dans le front commun !. On sait pourtant qu’elles ont été les positions de Berger par rapport à la loi El Khomri.