Un secteur en expansion qui se heurte au « profit à tout prix »

Le nombre de résidents en EHPAD augmente fortement, en France comme en Allemagne, avec le vieillissement de la population. Les logiques de rentabilité appliquées en Allemagne provoquent une situation dramatique. En France, se sont également les politiques austéritaires et marchandes qui sont responsables de la catastrophe humaine et sociale de plus en plus criante que ne manquent pas de dénoncer les personnels qui étaient en grève ce mardi 30 janvier. Ces deux faces de la gestion des EHPAD sont complémentaires : l’austérité a parti lié avec la libéralisation des services en tant que ses résultats désastreux, pourtant consciemment produits, servent d’argument à la privatisation. Durant les années 90 par exemple, en Allemagne, les EHPAD alors à la charge des collectivités territoriales manquaient cruellement de moyens. A cette situation, le gouvernement allemand a répondu par la mise en place de « l’assurance dépendance » qui a ratifié l’ouverture du marché au secteur privé.

Le déchaînement des appétits capitalistes pour « l’or gris »

Le documentaire d’Ariane Ricker montre l’incapacité du modèle libéral à répondre aux besoins en matière d’assistance aux personnes dépendantes. En réalité, l’assurance dépendance a sonné le début de l’ouverture du secteur aux acteurs privés. Le modèle allemand repose sur une auto-gestion de l’offre par les acteurs eux-mêmes, au détriment bien souvent des résidents et des salarié.e.s du secteur. Les opposants à cette logique d’auto-administration (qui signifie que l’État se tient délibérément en dehors des procédures de mise en place des normes, des barèmes de salaires etc.), se battent pour la mise en place de normes communes, exigeantes et standardisées. Tous ces éléments maintiennent, au bénéfice des acteurs privés, une totale opacité qui leur permet de dégager des marges bénéficiaires importantes (en percevant des prestations financières élevées tout en maintenant les effectifs au minimum). Il est temps d’inverser ces logiques, de dégager le capital et les spéculateurs et de garantir une obligation de moyens, des conditions de travail et des salaires décents, pour des soins de qualité.

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