Le choix de sujet de Damien Rieu n’est pas étonnant venant de quelqu’un qui, membre du FN et de Génération Identitaire, était derrière l’opération anti-migrants du col de l’Échelle, mais montre comment les discours impressionnistes jouent avec la peur dans une société donnée, principalement dans une période de crise. C’est de cette manière qu’il commence sa vidéo, prétendant démystifier Bolsonaro en même temps qu’il décrédibilise les médias bourgeois, les faisant implicitement passer pour « de gauche », alors que lui représenterait le nouveau président brésilien tel qu’il est. Dans la tentative de dédiabolisation de personnalités comme Bolsonaro se cache un projet politique : laisser libre cours à une droite plus radicalisée sous le prétexte qu’elle prendra en main les problèmes du capitalisme.

Il utilise ainsi le sensationnalisme en montrant des images et extraits des vidéos sur la violence au Brésil pour réaffirmer la thèse de la nécessité d’une politique sécuritaire au nom d’une supposée explosion de violence. A Rio de Janeiro, la même justification a été utilisée pour faire passer un décret permettant une intervention fédérale dans la sécurité publique qui s’est montrée non seulement inefficace mais encore plus sanguinaire, principalement envers les femmes, les noirs et les jeunes des favelas.

Les « opérations de pacification » dans les favelas qu’il cite sont ainsi ce contre quoi Marielle Franco, militante de gauche assassinée, luttait. Les vies perdues et le sang des noirs versé dans les rues exige un programme capable d’affronter les racines du problème de la violence qui, évidemment, n’implique pas de renforcer l’appareil répressif de l’État, mais de combattre toute la misère que génère ce système.

De la même manière, il naturalise le discours haineux de Bolsonaro envers les migrants vénézuéliens qui seraient « accueillis dans des camps pour qu’ils ne soient pas dispersés et augmentent encore plus la violence ». Ces discours qui créent une cible, un ennemi – interne ou externe – ont pour but de justifier l’autoritarisme qui sert à protéger les intérêts patronaux. Bolsonaro, au-delà de sa personnalité fasciste, est en effet soumis aux intérêts des nations impérialistes et veut imposer des attaques encore plus dures contre la classe des travailleurs.

L’écho rencontré par ce type de discours nauséabond en France est le reflet d’une polarisation croissante à échelle internationale, où les discours les plus réactionnaires surfent sur le champ de ruine laissé par des années de néolibéralisme. Il est temps que notre classe s’organise et lutte contre ce système pourrissant, afin de montrer qu’au-delà de la politique anti-sociale de Macron et du populisme d’extrême-droite, il existe une alternative.