La CFDT paye sa collaboration avec les sbires du patronat dans la loi travail par les dégradations de plus en plus nombreuses de ses locaux : le 23 juin, son siège parisien était attaqué, tagué de « ca suffit de trahir » et de « collabos ». A Limoges et Toulouse, leurs locaux étaient aussi visés : vitres et tags étaient aussi de la partie. En cause à chaque fois, la politique de la direction du syndicat, qui travaille main dans la main avec Gattaz et le gouvernement pour la précarité et la misère. Si le sens des attaques du siège de la CGT le 24 juin au soir n’a pu être élucidé - il pourrait tout à fait s’agir d’une remise en cause des grèves de la CGT- celles à l’encontre de la CFDT sont pour le moins explicites. Mais rappelons nous aussi que les locaux de la CNT avaient aussi l’objet d’une attaque, cette fois en plein jour, de la part de la police. On avait alors remarqué la différence de traitement médiatique entre ces différentes attaques : quand la CNT est attaquée, on ne dit rien ; quand c’est la CGT, c’est inacceptable ; quand c’est la CFDT, c’est « une atteinte à la démocratie sociale ».

Quelles que soient les stratégies immondes du gouvernement pour discréditer le mouvement social, quel que soit l’état du mouvement contre la loi travail, une action consistant à attaquer physiquement les locaux de la CFDT ne peut en rien devenir une stratégie de construction d’un rapport de force objectif avec le patronat, ni même un moyen pour massifier la lutte légitime à l’encontre des politiques de collaboration des directions syndicales. En effet, pour faire sortir les syndicats, de la CFDT à la CGT, de leurs politiques conciliatrices avec les gouvernements successifs, pour attaquer des bureaucraties qui enferment les mouvements ouvriers pour mieux les contrôler, rien ne sert d’attaquer leurs locaux et les biens de celles et ceux qui luttent au jour le jour contre des lois antisociales. L’enjeu est de forger des courants « luttes de classe » et antibureaucratique à même de dépasser la politique de frein du mouvement social que mènent à l’heure actuelle les directions syndicales au sein des syndicats les plus combatifs tout en parvenant à convaincre la base, y compris celle de la CFDT, de s’opposer à leurs directions : faire en sorte que les syndicats soient avant tout des outils pour les ouvriers, des outils démocratiques de lutte qui ne chercheraient pas à renforcer et perpétuer leurs appareils au détriment des droits des salariés.