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Droits des Femmes

Loi anti-IVG : manifestations massives en Pologne après le décès d’une femme enceinte

En septembre, une jeune femme polonaise enceinte est morte à l'hôpital après que les médecins aient refusé toute intervention avant « que le cœur de l'embryon cesse de battre ». Des dizaines de milliers de manifestantes sont sorties ce samedi dans les rues de Pologne, dénonçant les conséquences de la loi anti-IVG et scandant « pas une de plus ! »

Tatiana Magnani

10 novembre 2021

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Samedi derniers, des milliers de Polonaises et Polonais sont descendus dans les rues de tout le pays pour le droit à l’avortement en hommage à Izabela, décédée dans un hôpital à Pszczyna, Silésie, suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle législation interdisant la quasi-totalité des IVG. Âgée de 30 ans et enceinte de 22 semaines d’un fœtus malformé, Izabella s’est rendue à l’hôpital après avoir perdu les eaux. Les échanges SMS entre elle et sa mère rendus publiques sont terribles : « L’enfant pèse 485 grammes. Pour l’instant, grâce à la loi sur l’avortement, je dois rester couchée. Et il n’y a rien qu’ils puissent faire. Ils attendront qu’il meure ou jusqu’à ce que quelque chose commence et, sinon, je peux, génial, m’attendre à une septicémie. Ma fièvre monte. J’espère que je n’aurai pas de septicémie sinon je ne m’en sortirai pas. C’est l’horreur, ma vie est en danger. Et je dois attendre ». Les médecins attendront « que le cœur de l’embryon cesse de battre » pour intervenir, déjà trop tard pour Izabela qui décédera des suites d’un choc septique.

En janvier 2021, le Tribunal Constitutionnel, la plus haute sphère juridique en Pologne, interdisait l’avortement en cas de malformation congénitale du fœtus, un cas qui représente 98 % des avortements légaux pratiqués en 2019. En pratique, cela revient à interdire la quasi-totalité des avortement.

Déjà l’un des pays les plus restrictifs en matière d’avortement, cette nouvelle législation est entrée en vigueur en pleine pandémie après trois mois de fortes contestations face au gouvernement conservateur et nationaliste du PiS (Parti Droit et Justice).

Après ce terrible drame, il est nécessaire de rappeler que nos droits ne sont jamais garantis et qu’on les obtiendra et on les maintiendra seulement dans la rue, en toute indépendance des institutions. À l’image des mobilisations massives de l’année dernière, seule la constitution d’un mouvement fort et radical en alliance avec d’autres secteurs - comme cela a été le cas avec les chauffeurs de taxis et les agriculteurs - contre le gouvernement arrachera le droit à l’avortement.


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