« La peine de perpétuité réelle équivaut à une peine de mort ». Ce sont les mots de Denis Salas, magistrat et chercheur, qui ne voit pas la différence entre « une détention en attendant l’exécution et une détention en attendant la mort ». Auparavant, cette peine de 30 ans, sans possibilité d’être aménagée, ne concernait que les personnes reconnues coupables de crimes sur des victimes de moins de 15 ans et dont l’assassinat était accompagné d’un viol, de tortures ou d’actes de barbarie. Une peine désormais étendue à des personnes accusées de terrorisme.

La question n’est pas de savoir si « c’est mérité ou non ». La question se trouve dans l’utilité d’une telle mesure et à qui elle s’adresse vraiment. En France, parmi les personnes condamnées pour activités terroristes, on retrouve les sept prisonniers politiques basques incarcérés à Fleury qui luttent en ce moment pour être regroupés au sein de la même division : Itziar Moreno, prisonnière politique basque, détenue à Fresnes, en isolement, car soupçonnée d’être à l’initiative du mouvement des détenues pour l’amélioration de leurs conditions de détention, ou encore Georges Ibrahim Abdallah, militant de la cause palestinienne, incarcéré depuis 1984.

Le terrorisme, ça veut tout et rien dire. En ce moment, quand on parle de terrorisme, on pense directement à Daech, qui tue n’importe qui, n’importe quand. Mais le terrorisme, c’est surtout plus large et beaucoup plus flou. D’après l’article 421-1 du code Pénal, un acte de terrorisme est « une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». Il n’est pas nécessairement question d’individus assassinant des personnes, mais des militants politiques qui mènent une action radicale et troubleraient gravement l’ordre bourgeois, qui pourraient être visés par ce texte, dans la suite logique d’un État d’urgence qui ne sert qu’à réprimer toujours plus durement les mouvements sociaux, plus que l’hypothétique présence de membre de Daech sur le territoire français.

Les lois contre le terrorisme sont un fourre-tout répressif destiné à instiller la peur sur la base de représentations que les médias font des « terroristes », tout en masquant la cible véritable de cette état d’exception qui ne dit pas son nom.